Avez-vous
des souvenirs d'enfance que vous préféreriez oublier? Moi, quelques
un. J'espérais toutefois que mes enfants n'en aient pas.
Malheureusement, du haut de ses 6 ans, notre aîné vit déjà avec
des souvenirs désagréables, des souvenirs qui le hantent.
Aujourd'hui,
je suis allée avec ma marmaille à l'épicerie afin de dénicher un
petit quelque chose pour le souper. En attendant notre tour au
comptoir des charcuteries, mon fils a croisé un petit garçon qui
fréquente la même école que lui. Timidement, cet enfant est venu
se placer volontairement dans son champ de vision. En le voyant, mon
grand l'a salué gentiment. Le petit l'a salué et est parti. Mon
fils a levé les épaules et les yeux en signe d'interrogation.
Je
sais qui est ce garçon. C'est un enfant avec qui mon fils a eu une
altercation l'année passée. Pas une petite altercation, une GROSSE.
Grosse au point d'être suspendu, au point où j'ai dû rencontrer la
direction de l'école pendant de longues minutes et au point où la
directrice a du me faire entrer rapidement dans son bureau (et fermer
la porte) lorsqu'un employé de l'école lui a mentionné que le père
du petit garçon que mon fils avait frappé arrivait vers le
secrétariat dans un état second de colère.
Cette
journée-là, j'ai entendu un père nous décrire de façon peu
élogieuse. En résumé, pour que mon fils ait frappé le sien de la
sorte, nous devions être des dégénérés de la pire espèce, des
parents sans compétences parentales ou simplement des aliénés
mentaux. J'ai entendu sa crainte de savoir son fils en danger dans
une classe de maternelle et son incompréhension face à l'incapacité
des intervenants scolaires à prévenir ou empêcher ce genre de
situation.
De
retour à la maison, j'ai pleuré de longues heures. Je comprenais sa
colère. Je n'aurais pas apprécié du tout que mon fils soit varlopé
comme le sien l'a été cette journée-là.
Ces
événements ont eu lieu il y a plus de 18 mois, mais je me souviens
très bien de chaque mot de cette conversation entre la directrice et
ce père de famille.
Dix-huit
mois plus tard, nous voilà donc tous réunis à l'épicerie du coin.
Cet enfant vient saluer le mien. Le regard de son père croise le
mien.
Quand
le petit garçon est parti, mon fils m'a dit qu'il ne comprenait pas
pourquoi son ancien camarade de classe était venu le saluer. Il
m'expliqua qu'à l'école, ce même enfant s'enfuit en courant
lorsqu'il l'approche. Qu'il avait tenté à plusieurs reprises de
s'excuser auprès de lui des gestes commis l'an passé... mais sans
succès. Mon fils ajouta qu'il se sentait nono... Qu'il se
doutait bien que les gens pensent de lui qu'il est un « con qui
ne fait jamais rien de bien ». Il a tenu des propos du genre
jusqu'à ce que les courses soient finies.
Dans
la voiture, j'ai même dû hausser le ton pour qu'il cesse de
ressasser toute cette histoire dans sa tête et qu'il se concentre
sur ses bons coups des dernières semaines. Il a accepté, mais j'ai
bien vu la tristesse dans son regard. Vous savez, cette tristesse
qui, lorsqu'elle s'empare de vous, vous donne l'impression que vous
n'y arriverez jamais? Celle qui vous gâche la vie parce que, malgré
tout ce que vous faites pour vous en débarrasser, elle ne cesse de
revenir vous hanter au moment où vous vous y attendez le moins?
Ce
soir, mon fils a fini sa soirée en beauté. Il a mangé son souper,
fait toutes ses routines, a lu une histoire et bordé son petit
frère. Une fois au lit, malgré la satisfaction des réussites qui
se succèdent, il a eu une pensée pour ce petit garçon auprès
duquel il n'arrive pas à se racheter.
Aujourd'hui,
j'aurais voulu prendre la tristesse de mon fils simplement pour qu'il
lève la tête et regarde vers l'avant... plutôt que de fixer ses
pieds et de s'acharner sur le passé.
ton billet me met toute à l'envers. D'abord parce que je comprends très bien ta tristesse de maman.
RépondreSupprimerMais je suis toute retournée par ton billet parce que je me suis reconnue l'an dernier quand j'étais rouge de colère contre cette école qui laissait mon fils manger des coups et se faire traîner par les pieds sur l'asphalte de la cour. J'avoue avoir eu très peu de pensées pour les parents de ce garçon qui faisait si mal à mon fils.
Puis, l'enfant a dû aller en classe de réadaptation. L'enseignante a demandé à tous les enfants de la classe de faire une carte pour le garçon pour lui souhaiter bonne chance. J'ai été fâchée, je n'étais pas d'accord.
Mais mon fils m'a dit que ça lui faisait plaisir. Que le petit garçon n'était pas méchant, qu'il avait de la difficulté à se contrôler et qu'il avait besoin d'aide.
En te lisant ce soir, je suis très heureuse de l'approche adoptée par l'école l'an dernier. Je suis très fière de mon fils d'avoir compris cette leçon et de m'en avoir donné une.
Je voudrais te présenter mes excuses pour ce que ce père a pu dire de vous deux l'an dernier. Ce n'est pas grand chose, mais j'espère que ça ne sera qu'un début.
Et pour ton grand, je souhaite que cet enfant qui le salue soit le premier pas vers le pardon. Celui de ce garçon, mais surtout celui de ton fils envers lui même.
xxx
Je comprends aussi ton fils. Il m'est impossible de passer à autre chose quand je suis en brouille avec qqun. Je dois boucler, fermer le tout, faire la paix, sinon, je ne déroge pas.
RépondreSupprimerIl porte à réflexion ton billet!
RépondreSupprimerLa différence, je l'a place dans l'attitude des parents. Face à des parents désolés, qui font des efforts, je peux facilement passer l'éponge.
Face à des parents qui ne font pas d'efforts, qui trouvent presque ça amusant, j'ai vraiment envi de rugir.