Toutes
les femmes de ma vie ont des enfants. Certaines n'en ont qu'un un
seul, d'autres plusieurs. Certaines travaillent, d'autres pas.
L'avantage
d'avoir des amis qui ont des enfants, c'est que l'on peut échanger
sur notre quotidien.
Parfois
on en rit. Parfois on en pleure.
Je
fais partie de celles qui ont gagné à la loterie de l'enfant
différent et mon quotidien est plutôt différent de celles qui
n'ont rien raflé lors du tirage.
Depuis
bientôt deux ans, ma vie n'est centrée que sur une chose : mon
enfant. Je pense à lui tout le temps. Je pense à son passé (avant
les problématiques), à son présent et à son futur. Je pense à
lui quand je suis dans ma voiture, quand je suis au boulot, quand je
suis avec des amis et même quand je suis avec lui. Je l'observe, je
l'analyse, je l'évalue, je me questionne... j'ambitionne.
Quand
le téléphone sonne et que l'afficheur indique le nom de son école,
je sais que ma journée vient de faire un 180 degrés. Si je suis au
boulot, je sais que je devrai probablement quitter. Si je suis en
train de faire les courses, il m'arrive de ne pas prendre le temps de
payer et de partir en laissant mes trucs au centre de l'allée la
plus étroite du magasin. Quand j'ai de la visite (rares sont les
fois où j'ai de la visite!), je dois parfois leur demander de finir
leur petit café et leur montrer la porte. Bien sûr, mes visiteuses
ont chaque fois compris. Chaque fois, je leur ai dit que l'on
remettrait cela, mais ça n'a jamais été remis.
Je
me suis toujours considérée forte, créative et pleine de
ressources. Je n'ai jamais hésité à solliciter de l'aide auprès
de ceux en qui j'ai confiance et je n'ai jamais minimisé l'impact de
tous les désagréments que peut causer le fait d'être une maman
différente.
Mais
près de 2 ans après le début de cette aventure, je regarde le
chemin parcouru et je me demande parfois si j'aurai la force de
continuer encore bien longtemps. Combien de temps encore pourrai-je
vivre ainsi, sur le qui-vive, et prête à intervenir pour mon
enfant?
Combien
de temps pourrai-je encore concilier famille-travail-et-différence?
Quand est-ce que l'on réalise que l'élastique risque de fendre ou
que le gouffre nous attend au prochain tournant? Comment fait-on pour
s'arrêter et prendre le temps de guérir les blessures que l'on se
plaît à beurrer d'onguents et à couvrir de pansements qui
finissent tous par décoller et avoir besoin d'être remplacé?
Je
souris encore (et mon sourire est sincère), j'arrive encore à
rigoler et à avoir du plaisir dans la vie, mais (trop) souvent, je
réalise que je ne veux jamais être là où je suis quand j'y suis.
Au boulot, je voudrais être à la maison. À la maison, je voudrais
être au gym. Au gym, je voudrais être avec mon conjoint. Avec mon
conjoint, je voudrais que nous soyons avec les enfants.
Je
ne sais pas quand l'élastique m'avertira qu'il est sur le point de
rompre, mais clairement, cette semaine, j'ai pris le dernier petit
carré du rouleau du meilleur que j'avais à donner...
Je suis dans les mêmes réflexions en ce moment (pour des raisons bien différentes par contre) et je crois que lorsque l'on se pose la question "Quand est-ce que mon élastique se rompra?", c'est que la situation commence à être fragile...
RépondreSupprimerJe laisse rarement ma trace chez toi, mais c'est toujours avec beaucoup d'émotions que je lis tes billets. Je ne peux te dire qu'une chose : prends soin de toi, quand l'élastique pète, ce n'est jamais agréable...
Merci pour tes mots. Je crois bien qu'il est temps de prendre le temps de m'arrêter un peu...
SupprimerMerci de me lire et de laisser ta trace!
Michelle
Je ne trouve pas les mots justes pour te dire à quel point ton billet me touche. Ce que je peux te dire, c'est rassure-toi, même si ton élastique vient qu'à se rompre, il y aura toujours un filet de sauvetage pour te retenir. C'est dans ces moments malheureusement qu'on réalise à quel point on a des renforts insoupçonnés. Grose bise!
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