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Je suis comme toutes celles que vous connaissez. Je pourrais être votre soeur, votre amie, votre collègue ou simplement votre voisine. Ici, je vous parle de mon quotidien et de celui de ma famille pour mettre un peu de lumière sur la vie avec un enfant différent! mamantupperware@hotmail.ca

lundi 9 avril 2012

Souvenirs d'enfance


Avez-vous des souvenirs d'enfance que vous préféreriez oublier? Moi, quelques un. J'espérais toutefois que mes enfants n'en aient pas. Malheureusement, du haut de ses 6 ans, notre aîné vit déjà avec des souvenirs désagréables, des souvenirs qui le hantent.

Aujourd'hui, je suis allée avec ma marmaille à l'épicerie afin de dénicher un petit quelque chose pour le souper. En attendant notre tour au comptoir des charcuteries, mon fils a croisé un petit garçon qui fréquente la même école que lui. Timidement, cet enfant est venu se placer volontairement dans son champ de vision. En le voyant, mon grand l'a salué gentiment. Le petit l'a salué et est parti. Mon fils a levé les épaules et les yeux en signe d'interrogation.

Je sais qui est ce garçon. C'est un enfant avec qui mon fils a eu une altercation l'année passée. Pas une petite altercation, une GROSSE. Grosse au point d'être suspendu, au point où j'ai dû rencontrer la direction de l'école pendant de longues minutes et au point où la directrice a du me faire entrer rapidement dans son bureau (et fermer la porte) lorsqu'un employé de l'école lui a mentionné que le père du petit garçon que mon fils avait frappé arrivait vers le secrétariat dans un état second de colère.

Cette journée-là, j'ai entendu un père nous décrire de façon peu élogieuse. En résumé, pour que mon fils ait frappé le sien de la sorte, nous devions être des dégénérés de la pire espèce, des parents sans compétences parentales ou simplement des aliénés mentaux. J'ai entendu sa crainte de savoir son fils en danger dans une classe de maternelle et son incompréhension face à l'incapacité des intervenants scolaires à prévenir ou empêcher ce genre de situation.

De retour à la maison, j'ai pleuré de longues heures. Je comprenais sa colère. Je n'aurais pas apprécié du tout que mon fils soit varlopé comme le sien l'a été cette journée-là.

Ces événements ont eu lieu il y a plus de 18 mois, mais je me souviens très bien de chaque mot de cette conversation entre la directrice et ce père de famille.

Dix-huit mois plus tard, nous voilà donc tous réunis à l'épicerie du coin. Cet enfant vient saluer le mien. Le regard de son père croise le mien.

Quand le petit garçon est parti, mon fils m'a dit qu'il ne comprenait pas pourquoi son ancien camarade de classe était venu le saluer. Il m'expliqua qu'à l'école, ce même enfant s'enfuit en courant lorsqu'il l'approche. Qu'il avait tenté à plusieurs reprises de s'excuser auprès de lui des gestes commis l'an passé... mais sans succès. Mon fils ajouta qu'il se sentait nono... Qu'il se doutait bien que les gens pensent de lui qu'il est un « con qui ne fait jamais rien de bien ». Il a tenu des propos du genre jusqu'à ce que les courses soient finies.

Dans la voiture, j'ai même dû hausser le ton pour qu'il cesse de ressasser toute cette histoire dans sa tête et qu'il se concentre sur ses bons coups des dernières semaines. Il a accepté, mais j'ai bien vu la tristesse dans son regard. Vous savez, cette tristesse qui, lorsqu'elle s'empare de vous, vous donne l'impression que vous n'y arriverez jamais? Celle qui vous gâche la vie parce que, malgré tout ce que vous faites pour vous en débarrasser, elle ne cesse de revenir vous hanter au moment où vous vous y attendez le moins?

Ce soir, mon fils a fini sa soirée en beauté. Il a mangé son souper, fait toutes ses routines, a lu une histoire et bordé son petit frère. Une fois au lit, malgré la satisfaction des réussites qui se succèdent, il a eu une pensée pour ce petit garçon auprès duquel il n'arrive pas à se racheter.

Aujourd'hui, j'aurais voulu prendre la tristesse de mon fils simplement pour qu'il lève la tête et regarde vers l'avant... plutôt que de fixer ses pieds et de s'acharner sur le passé.


3 commentaires:

  1. ton billet me met toute à l'envers. D'abord parce que je comprends très bien ta tristesse de maman.
    Mais je suis toute retournée par ton billet parce que je me suis reconnue l'an dernier quand j'étais rouge de colère contre cette école qui laissait mon fils manger des coups et se faire traîner par les pieds sur l'asphalte de la cour. J'avoue avoir eu très peu de pensées pour les parents de ce garçon qui faisait si mal à mon fils.
    Puis, l'enfant a dû aller en classe de réadaptation. L'enseignante a demandé à tous les enfants de la classe de faire une carte pour le garçon pour lui souhaiter bonne chance. J'ai été fâchée, je n'étais pas d'accord.
    Mais mon fils m'a dit que ça lui faisait plaisir. Que le petit garçon n'était pas méchant, qu'il avait de la difficulté à se contrôler et qu'il avait besoin d'aide.
    En te lisant ce soir, je suis très heureuse de l'approche adoptée par l'école l'an dernier. Je suis très fière de mon fils d'avoir compris cette leçon et de m'en avoir donné une.
    Je voudrais te présenter mes excuses pour ce que ce père a pu dire de vous deux l'an dernier. Ce n'est pas grand chose, mais j'espère que ça ne sera qu'un début.
    Et pour ton grand, je souhaite que cet enfant qui le salue soit le premier pas vers le pardon. Celui de ce garçon, mais surtout celui de ton fils envers lui même.
    xxx

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  2. Je comprends aussi ton fils. Il m'est impossible de passer à autre chose quand je suis en brouille avec qqun. Je dois boucler, fermer le tout, faire la paix, sinon, je ne déroge pas.

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  3. Il porte à réflexion ton billet!

    La différence, je l'a place dans l'attitude des parents. Face à des parents désolés, qui font des efforts, je peux facilement passer l'éponge.

    Face à des parents qui ne font pas d'efforts, qui trouvent presque ça amusant, j'ai vraiment envi de rugir.

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