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Je suis comme toutes celles que vous connaissez. Je pourrais être votre soeur, votre amie, votre collègue ou simplement votre voisine. Ici, je vous parle de mon quotidien et de celui de ma famille pour mettre un peu de lumière sur la vie avec un enfant différent! mamantupperware@hotmail.ca

mercredi 30 octobre 2013

La honte

S'il y a une émotion plus difficile que les autres à gérer, c'est probablement la honte. Vous savez, cette émotion qui vous fait baisser la tête et vouloir fuir une situation, et ce rapidement? Cette émotion qui pèse lourd sur le cœur et la conscience de la personne qui la vit?

Il y a deux sortes de honte : celle qui nous est infligée et celle que l'on s'inflige.

Dans mon enfance, s'il y a une chose dont je me souviens c'est de ma mère qui me disait souvent : « Fais-moi pas honte ». Si je parlais trop fort ou si je bougeais trop, la consigne arrivait comme une claque en plein visage. Pas la peine de vous dire donc que je cessais de parler ou de bouger.

En grandissant, je me suis promis que le jour où j'aurais des enfants, je ne leur servirais pas le « Fais-moi pas honte » dès qu'ils bougeraient un peu ou qu'ils parleraient plus fort que les autres.

Puis... j'ai eu Fiston Tupperware.

J'ai réalisé depuis quelque temps que je trouve très difficile les excès de colère de mon garçon, surtout en public. Je ne me sentais pas ainsi quand il avait 4, 5 ou 6 ans. Mais maintenant qu'il en a 8, je ne perçois plus (du tout!) ses crises de la même façon.

Quand il est en colère, il ne parle pas fort, il crie. Pour se faire comprendre, il insiste et répète ses demandes des dizaines de fois. Quand il réalise qu'il ne gagnera pas, il passe parfois aux insultes. Quand il réalise que je suis (officiellement) fâchée, il pleure, hurle et s'inflige lui-même des commentaires désobligeants, se victimisant par le fait même.

Cette semaine, Fiston s'est fâché quand je suis allée le chercher à l'école. Une histoire banale de lampe de poche qu'il devait apporter à l'école est devenue une urgence nationale. Il voulait aller magasiner une lampe de poche immédiatement, ce qui n'était pas prévu à ce moment dans ma planification de fin de journée. Après lui avoir expliqué qu'il aurait sa lampe de poche pour son activité et qu'il n'avait pas besoin de s'inquiéter, il a explosé.

J'ai manqué de patience. Je l'ai regardée droit dans les yeux et lui ai dit : « Arrête immédiatement! Tu me fais honte devant tout le monde! »

Sur le coup, je n'ai pas réalisé ce que je venais de lui dire, sur l'impact que cela pouvait avoir. Ce n'est qu'une fois arrivé à la maison que j'ai pris conscience de l'énormité de ce que je lui avais dit. Je ne veux pas que mon fils pense qu'il me fait honte en tout temps. Je crois que je voulais seulement qu'il arrête de crier et comme aucune de mes explications ne lui suffisait, bien je n'ai rien trouvé de mieux à dire.

Une fois à la maison, j'ai expliqué à mon fils que quand il hurlait ainsi et qu'il n'arrivait pas à se contrôler, je ne me sentais pas bien, que je me sentais gênée par son comportement. Je lui ai expliqué que je n'aimais pas que les gens présents s'arrêtent pour nous regarder (et nous juger!) et que c'est souvent pour cela que je finissais par manquer de patience. Il m'a répondu qu'il comprenait parce que lui aussi avait honte de se comporter ainsi... que lui aussi voudrait être capable de s'arrêter, mais qu'il en était incapable.

La honte est une émotion lourde à porter. Elle est lourde pour l'adulte, alors elle doit l'être doublement pour l'enfant (qu'il ait ou non des défis à relever!). Je crois qu'il faudra donc que je garde en tête que la honte ne sert à rien et qu'elle a plutôt tendance à m'empêcher de bien intervenir avec mon fils.

Ceci étant dit... je demeure humaine et je sais très bien qu'il m'arrivera encore des moments où mon garçon fera des crises qui amèneront ce sentiment désagréable qu'est la honte. Maintenant, ne restera plus qu'à en prendre conscience à temps et à gérer plus sainement l'inconfort.


Image internet
 

3 commentaires:

  1. Ouf! Ça n'a pas dû être facile de se faire dire souvent par votre mère que vous lui faisiez honte! (Ce qui est sous-entendu dans la répétition abusive de "Fais-moi pas honte", il me semble...) Mais bon, je sais bien que les parents font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont : je m'en rends bien compte avec ma fille! Je trouve que ce qui est important dans votre histoire avec Fiston, c'est que vous avez pris le temps de vous expliquer par la suite avec lui, que vous en avez parlé et que vous vous êtes compris... C'est super sain! J'espère pouvoir en faire autant avec ma fille! Bravo!

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  2. Même si on se dit qu'on ne reproduira pas un comportement que nos parents avaient envers nous, c'est vraiment très difficile par moment car ça fait partie de nous, c'est souvent ancré très profond en nous. L'important c'est de s'en rendre compte et de faire des efforts, exactement comme ce que vous avez faut en discutant avec votre fiston!

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  3. Je vous trouve très dure avec vous-même. Ma mère aussi m'a déjà dit de ne pas lui faire honte et je l'ai dit à mes enfants aussi. Pas tous les jours mais ça a certainement été dit et même que j'ai toujours cru que "Fais-moi pas honte!" était un vocable maternel assez commun. Un enfant de huit ans qui crie comme s'il en avait deux, oui, ça peut faire honte et je ne vois pas ce qu'il y a de si répréhensible à le dire vu que c'est ça qu'on ressent! On veut de l'honnêteté ou pas? Et puis, on parle de soi, c'est nous qui avons honte du comportement de notre enfant. Pour dire vraiment vrai, je n'ai jamais pensé à culpabiliser quand j'ai dit ça. L'environnement familial, c'est un tout, des fois, l'enfant nous fait honte mais des fois, on en est tellement fier aussi et une personne spontanée va le dire également à l'enfant quand elle est contente de lui. Ça s'équilibre. Là où ça ne fonctionnnerait plus, c'est si on avait tout le temps honte de notre enfant et qu'on n'en était jamais fier. Oui, là, ce serait autre chose. Mais sinon, vive l'authenticité. Je n'ai jamais pensé que ma mère ne m'aimait pas parce qu'elle me disait de ne pas lui faire honte, jamais. Et même quand elle le disait, je sentais son amour en dessous des paroles.

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