Comme
tous les êtres humains qui habitent cette terre, il m'arrive de me
mettre en colère. Habituellement, ça ne dure pas très longtemps.
Comme j'ai tendance à être (trop?) impulsive, il arrive parfois que
mes paroles dépassent ma pensée. Une fois calme, je fais rejouer le
film de ma colère, je trouve ce qui m'a fait sortir de mes gonds et
je tente de rectifier le tir.
Maintenant
trentenaire, je vous dirais que j'arrive bien à contrôler mes
propos lors d'un conflit. Mais pour être honnête, ça m'aura pris
plus d'une dizaine d'années pour changer. Malheureusement, Fiston
Tupperware a hérité de mon impulsivité. Lorsqu'il est en colère,
il est capable des pires insultes. Il sait comment blesser les gens
qui l'entourent.
Cette
semaine, il a fait une grosse colère. Son pattern est
toujours le même : il se fâche, il crie et se retrouve en
réflexion dans sa chambre. Comme il a horreur d'y être confiné, il
se met à hurler. Son cri perçant est à glacer le sang! Ensuite, il
monte et descend l'escalier qui mène à sa chambre en nous envoyant
au visage des commentaires plates du genre « tu n'es plus ma
mère/mon père/ma sœur/mon frère », « je vous
déteste! », « je veux partir d'ici! », « ce
sera de votre faute si je finis seul au monde! »... bref, un
tas de trucs normaux quand tu as 16 ans, mais beaucoup moins à 8!
Après
ses crises, il vient me voir en pleurant et s'excuse d'avoir crié et
d'avoir insulté tout le monde. Chaque fois, il est sincère. Chaque
fois, il promet de ne plus recommencer. Chaque fois, il tente de
réparer ses gestes. Chaque fois on le pardonne, on efface et on
recommence!
Cette
semaine, je devais être plus fatiguée qu'à l'habitude parce que je
n'ai pas tout à fait réagi de la même façon à ses excuses.
J'étais
assise au salon avec Minnie qui dormait sur moi. Il s'est approché
et a voulu l'embrasser. J'ai refusé. Je lui ai expliqué que je
comprenais son mal-être et son désir de réparer ce qu'il avait
fait, mais que ça ne fonctionnait pas comme ça. Que dans la vie, il
ne suffisait pas de s'excuser tout le temps pour obtenir le pardon de
tous! Qu'il fallait parfois accepter que les gens autour de lui ne
soient pas prêts à recevoir ses excuses et qu'il devrait apprendre
à vivre avec le délai.
Il
n'a pas compris et s'est remis à pleurer.
Je
lui ai donc expliqué la théorie du coup de poing.
Je
lui ai demandé ce qu'il ferait si je lui donnais, ici et maintenant,
un coup de poing au visage. Il a répondu qu'il n'aimerait pas cela,
que je n'avais pas le droit de faire ça. Je lui ai répondu que
j'allais m'excuser après et qu'il devrait me pardonner, comme je le
fais chaque fois qu'il m'envoie une insulte au visage. Fiston a
compris que je n'allais pas le frapper, mais il était perplexe.
J'ai
continué en lui expliquant que le lendemain, je le frapperais
encore. Mais que bien sûr, je m'excuserais après et qu'il devrait
encore me pardonner. Je lui ai demandé s'il me pardonnerait à
nouveau.
Il
regardait au sol en se tordant les doigts.
Il
avait compris.
Il
arrivera encore que notre fils nous criera des trucs plates à
entendre parce que sa colère sera plus grande que sa capacité à
raisonner. Il arrivera encore qu'il vienne vers nous, repentant et en
larmes, demandant pour notre pardon. Il arrivera encore que nous le
pardonnions en sachant très bien qu'il recommencera.
Malgré
cela, j'ai bon espoir qu'à force de lui parler, de lui expliquer et
surtout de lui faire le reflet de ses comportements, nous arriverons
à faire passer notre message. Celui qui dit que le pardon existe,
tant que celui qui le demande fait l'effort de ne pas répéter à
outrance les gestes qui doivent être continuellement pardonnés.
J'ai
bon espoir.
Excellent exemple!
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