J'ai
grandi sans frère et sœur. (Sans père non plus!) Je ne sais donc
pas ce que cela implique de devoir partager ses parents, son espace,
ses jouets, sa vie. Je ne sais pas non plus jusqu'à quel point on
peut aimer un être qui est génétiquement constitué comme soi et
qui nous emmerde 75 % pour du temps.
Fiston,
Princesse et Bébé Tupperware sont le trio typique. Quand ils ne
sont que deux, tout va bien. Quand ils sont tous les trois, c'est
plus... compliqué. Souvent, c’est Princesse qui écope. Seule
fille entre deux garçons, elle doit (souvent) défendre ses goûts
et ses intérêts. C'est à ce moment que les conflits commencent.
Il
y a aussi une certaine rivalité entre Fiston et sa sœur. Ils se
disputent pour des banalités qui, souvent, nous dépassent. C'est
continuellement la guerre pour savoir lequel des deux sera assis près
de moi au souper, lequel des deux sera assis près de Papa dans le
salon, lequel des deux choisira le film du vendredi soir, lequel des
deux s’assoira au centre dans la voiture, lequel des deux m'aidera
pour donner le bain de Minnie ou encore lequel des deux videra le
lave-vaisselle pour obtenir un jeton! Parfois, je me dis qu'ils
finiront par se détester tellement ils se disputent souvent.
Hier
soir, ils m'ont prouvé que mes craintes n'étaient pas fondées.
Princesse
Tupperware est difficile. À l'heure du souper, elle lève
régulièrement le nez sur ce qu'on lui sert à manger. Hier soir ne
fit pas exception.
« J'aime
pas le riz, j'aime pas le poulet et j'aime pas les choux-fleurs
cuits. »
Papa
Tupperware en a eu assez. Ça fait plusieurs fois que nous avisons
notre fille qu'un jour elle aura dans son assiette une tranche de
pain avec du beurre et un verre d'eau en guise de repas. Ce qui
devait arriver arriva!
Bien
sûr, Princesse a fondu en larmes, réclamant un souper plus...
consistant. Puis, Fiston s'est fâché! Il a pris son assiette et l'a
échangé avec celle de sa sœur. Papa tupperware a refait l'échange,
expliquant à notre garçon que sa sœur ne mourrait pas de faim et
qu'elle devrait apprendre à arrêter de lever le nez sur ce qu'on
lui sert à manger. Fiston n'était pas d'accord. Il s'est levé et
est descendu dans sa chambre en pleurant. Il est ensuite revenu pour
dire à Papa Tupperware : « C'est quoi cette
punition-là??? Hein? C'est quoi? » Puis, il est allé serrer
sa sœur dans ses bras.
La
réaction de Fiston m'a tellement surprise que j'ai... éclatée de
rire. J'ai même dû sortir de la pièce pour ne pas saboter
l'intervention de Papa Tupperware. Une fois calmée, je suis revenue
à table pour terminer mon repas.
Fiston
était assis à côté de moi, les yeux rougis et le regard pleins de
larmes. Princesse, devant ses tranches de pain, ne disait rien.
J'ai
regardé notre fils et lui ai dit : « Je ne pense pas que
tu sois fâché. Je pense que tu as de la peine de savoir que ta sœur
a un repas moins complet que le tien et tu as peur qu'elle ait faim.
Je me trompe? » Il a hoché de la tête.
Papa
Tupperware et moi nous sommes regardé, émus de la réaction de
notre garçon. D'un commun accord, nous avons donné une assiette de
notre repas à notre fille en soulignant que, pour cette fois, elle y
avait droit, mais que c'était notre dernier avertissement. Nous
avons aussi dit à Fiston que nous étions émus de la démonstration
d'amour qu'il venait de faire à sa sœur, mais que la prochaine
fois, nous ne reviendrions pas sur notre décision.
J'ai
parfois douté de la capacité de Fiston à éprouver de l'empathie
pour autrui. Aujourd'hui, je sais qu'il en est capable.
Et
pour ce qui est de la constance parentale... ce sera pour une
prochaine fois!
Magnifique billet!
RépondreSupprimerTellement beau, tu as réussi quelque chose de grand mon amie (avec ton homme), bravo!
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