Notre histoire n'est un secret pour personne. Pas de cachettes. Pas de mensonges. Juste une famille avec des défis à relever, comme n'importe quelle famille.
On m'a beaucoup répété dernièrement que nous avions fait preuve de beaucoup de courage. Que d'avoir fait appel à la DPJ afin d'obtenir (enfin!) de l'aide avait dû nous demander du courage. Chaque fois je dis merci, oui, peut-être...
Puis, tranquillement, les remarques se sont infiltrées dans ma tête, me laissant aussi reconnaissante que perplexe.
Nous travaillons fort depuis près de 5 ans avec Fiston afin de l'aider à se gérer, à faire face à son anxiété. Nous travaillons fort à le maintenir dans un milieu équilibré et adéquat.
Mais la vérité, c'est que nous avons tellement tenté de devenir ses éducateurs que nous avons parfois oublié d'être ses parents.
Des règles dans la maison, il y en a plusieurs. Les routines sont gérées au quart de tour et nous tentons avec ardeur de ne pas déstabiliser notre fils ainsi que nos autres enfants.
Mais la vérité, c'est qu'à vouloir contrôler tous les aspect de son enfance, nous avons oublié de laisser place à l'humain.
Fiston n'a pas qu'un syndrôme de Gilles de la Tourette. Il a aussi (et surtout!) des parents qui ont dû faire face à énormément de stresseurs dans les derniers mois. Il a des parents qui ont laissés tomber certains outils utiles et qui ont relâchés un peu les constantes stables de la vie de leur enfant anxieux.
Nous étions épuisés par trop de changements et avons perdu de vue les objectifs atteints. Le résultat? Un enfant anxieux qui, par ses comportements, nous criait qu'il avait besoin d'aide.
Nous n'avons pas fait preuve de courage quand nous avons demandé de l'aide. Nous avons surtout (et avant tout) mis de côté notre coeur de parent pour faire appel à notre tête. Nous avons regardé notre vie et réalisé qu'avant de pouvoir aider notre enfant nous devions nous aider nous même, nous stabilisé nous avant de pouvoir l'aider à se stabiliser lui.
Bien sûr, ça nous a demandé de laisser de côté le regard et le jugement des autres. Ça nous a demandé de penser à nos trois autres enfants, mais aussi à nous.
Encore aujourd'hui, je ne sais pas qui de lui ou de nous est le plus courageux. Je ne sais pas ce que ça lui demande de courage à lui de vivre avec des étrangers, loin de ses parents et de sa famille. Je ne sais pas si le soir, quand il s'endort, il est vanné de devoir se conformer et faire tant d'efforts. Je ne sais pas si lorsqu'il se lève le matin, il doit inspirer profondément avant d'affronter la journée qui s'annonce, aussi ensoleillée soit-elle.
Et ce soir, alors qu'il a passé une belle journée avec ses soeurs et son frère et qu'il est heureux d'être parmis nous, je ne veux pas qu'on me parle de mon courage, mais plutôt de celui dont lui fait preuve depuis plus de deux semaines.
Et demain, quand il viendra me rejoindre au petit matin pour me dire qu'il a faim et qu'il a hâte que je me lève pour lui faire à déjeuner, c'est à son courage à lui que je penserai... pour retrouver un peu du miens.