C'est
quand je m'y attends le moins que ça arrive. C'est un peu comme
courir un marathon. On court sur une piste ovale, tout va bien et
l'on décide de fermer les yeux. Tranquillement, sans s'en rendre
compte, on sort de la piste. On pense que tout va bien, qu'on a
atteint une bonne vitesse de croisière et puis BANG! Ça nous arrive
en plein visage. On ouvre les yeux, on constate que le paysage a
changé et que tout ne va plus si bien.
Ici,
c'est comme ça.
Depuis
près d'un mois, le TDAH de Fiston n'est plus traité. Nous avons
décidé de cesser les neurostimulants en raison des effets
secondaires ressentis par Fiston. Il mangeait peu, était plus
agressif, plus anxieux, présentait de nombreux tics et (SURTOUT!) ne
dormait plus. À l'école, les choses ne s'amélioraient pas. En fait
elles se détérioraient. Fiston n'était pratiquement jamais en
classe.
Après
l'arrêt de la médication, les changements ne furent pas drastiques.
Fiston a passé 3 semaines en réintégration très graduelle à
l'école. Les intervenants ont décidé de retisser les liens avec
notre garçon. Il passait donc la journée à jouer avec eux. Il
avait besoin de vivre des moments heureux avec eux pour leur faire
confiance à nouveau. Leur approche fut fructueuse. Fiston n'a pas
fait de crise à l'école depuis.
Toutefois,
un problème persiste. Fiston est incapable de se mettre au travail.
Il refuse de faire ses travaux, que ce soit en classe ou à la
maison.
À
la maison, je n'ai jamais accepté que Fiston ne fasse pas ses
devoirs, même si cela devait mené à des conflits majeurs.
Toutefois, je dois avouer que je commence sérieusement à en avoir
assez de devoir me battre avec lui pour 12 mots de vocabulaires et 2
phrases à écrire. Je comprends qu'il ne prend plus de médication,
mais je n'arrive pas à concevoir que ce qu'on lui demande soit si
difficile à faire! Et c'est souvent pendant la période de devoirs
que je m'emporte...
Vient
ensuite l'escalade. Fiston se fâche, je me fâche, il crie puis je
crie pour qu'il arrête de crier. Scandalisez? Je vous comprends. Moi
aussi. Je me scandalise moi-même par moment. Je ne vois pas de façon
de nous en sortir.
La
travailleuse sociale me dit de lâcher prise, de laisser tomber cette
partie de la vie de Fiston, quitte à reprendre l'an prochain, mais
je ne me m'y résous pas. Un peu comme si je le laissais gagner,
faisant de moi un parent mou qui laisse son enfant devenir un enfant
roi. Un peu comme si je devais laisser tomber tous mes principes
éducatifs et disciplinaires pour lui, alors que je ne le ferais pas
pour mes enfants « neurotypiques ».
Aujourd'hui,
Fiston a fait une colère. J'ai aussi fait une colère.
Et
alors que je tente de rester positive et que j'essaie de me
convaincre que nous avons presque une vie normale, ça m'a sautée au
visage : les défis de Fiston sont grands et je devrai trouver
une façon d'accepter cela, même si ça ne me plaît pas. Je devrai garder les yeux ouverts pour rester sur la piste parce que le
marathon n'est définitivement pas terminé.