Il
est 13 h. Nous avons rendez-vous en pédopsychiatrie avec
Fiston. Papa Tupperware travaille alors je suis seule avec notre
garçon.
Après
l'évaluation par l'infirmière des paramètres vitaux de Fiston,
nous passons dans le bureau médical où la pédopsychiatre et la
travailleuse sociale nous attendent.
Je
suis calme et Fiston aussi. Nous avons certes beaucoup de choses à
raconter, mais personne n'est anxieux outre mesure. Fiston, fidèle à
lui-même, parle de tout et de rien, sans regarder son médecin.
Puis,
au fil de la discussion, Fiston se fâche. Il n'aime pas être
questionné sur ses comportements plus difficiles. Il n'aime pas que
l'on parle de ses colères, de ses oppositions. Il aime encore moins
qu'on le confronte face à ses choix de comportements et face aux
moyens inadéquats qu'il utilise parfois.
Malheureusement
pour lui, son médecin ne lâche pas prise. Elle veut savoir ce qu'il
se passe dans sa tête, pourquoi Fiston a commencé à se frapper la
tête sur les murs lorsqu'il est en colère... et c'est à ce moment
que le chat est sorti du sac. Fiston a explosé!
« Je
ne changerai jamais. J'en suis incapable. Vous voulez que je fasse
quoi quand je suis fâché? Je n'ai pas le droit de crier, je n'ai
pas le droit de bardasser ou de briser des choses! Me reste plus qu'à
me frapper la tête sur les murs. Ça diminue un peu ma colère, mon
stress! De toute façon, il n'y en a plus de solution avec moi. Ne me
reste plus qu'à mourir. Je suis trop méchant de toute de façon! »
J'étais
sidérée. Je savais qu'il n'allait pas bien, mais je ne me doutais
pas à quel point sa détresse était grande, ni à quel point il
était capable de mettre en mots tant de souffrance.
Bien
sûr, son discours n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. La
pédopsychiatre a trouvé tout cela bien inquiétant. Elle a demandé
à Fiston de cesser de se blesser sinon elle devrait signaler son cas
à la DPJ pour le faire évaluer pendant 30 jours.
J'ai
craqué. Fiston aussi
Puis,
après discussion, elle m'a expliqué que la situation pouvait
devenir dramatique si nous ne faisions rien. De concert avec la
travailleuse sociale, nous avons exploré les causes qui avaient pu
mener notre fils dans un tel état d'esprit. Pas de changements
majeurs sont survenus dans sa petite vie d'enfant, mais sa difficulté
à s'adapter aux quelques changements qui ont eu lieu lui demande
énormément d'énergie et engendre une quantité astronomique
d'anxiété.
Fiston
ne sait plus comment s'adapter. Ni en classe, ni à la maison. Il a
besoin d'une pause, d'un répit. Il a besoin que nous, les adultes,
prenions la responsabilité de son adaptation pour quelque temps et
soyons un peu plus flexibles avec lui. Son petit cœur ne supporte
plus l'exclusion et la différence. Il demande qu'on arrête de tout
changer autour de lui pour lui donner le temps de reprendre son
souffle.
Fiston
ne sera pas placé en famille d'accueil ou en centre jeunesse. Nous
avons encore de la latitude pour intervenir. Tous ses intervenants
seront sollicités dans les prochains jours pour s'asseoir et mettre
en place un plan d'urgence qui visera à soutenir notre fils dans sa
détresse et à l'accompagner jusqu'à ce qu'il retrouve un certain
équilibre psychologique et émotionnel.
Ceci
étant dit, je serais bien malhonnête de vous dire que je n'ai pas
eu le cœur dans la bouette aujourd'hui. J'ai été
complètement déstabilisée par le discours de mon fils de 8 ans et
Papa Tupperware aussi. Mais plutôt que de pleurer notre vie, nous
resterons auprès de lui et continuerons de l'épauler dans son
cheminement.
Seul
l'avenir nous dira si nous aurons su le faire adéquatement.
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Image internet |
*Quand
j'ai entrepris ce blogue, je me suis promis de ne pas censurer ou
cacher notre réalité. Libres sont mes lecteurs de juger les propos
tenus ici, mais sachez que de cacher la réalité ne fait que
maintenir les gens dans l'ignorance face aux problèmes de santé
mentale que peuvent vivre de jeunes enfants.