Si
j'ai appris quelque chose dans la vie, c'est bien que rien n'est
jamais gagné d'avance. Notre place, on ne nous la donne pas sans
effort, il faut la gagner.
Ce
soir, j'ai gagné une place, une vraie place.
C'était
la rencontre de parents ainsi que la première assemblée générale
de l'école de Fiston et de Princesse Tupperware. À l'ordre du
jour : élire 2 nouveaux membres au conseil d'établissement. La
nouveauté? Créer deux postes, sur le conseil d'établissement, qui
seraient réservées pour les parents d'enfants qui fréquentent le
programme d'adaptation scolaire de l'école.
Comme
4 des membres déjà en place n'avaient pas terminé leurs mandats
respectifs, il ne restait que deux places disponibles sur le conseil.
La directrice devait donc faire approuver par les parents présents
l'octroi de ces places aux parents des classes d'adaptation scolaire.
À
la période de questions, une mère s'est opposée en demandant que
le nombre de postes soit limité à un seul. Selon elle, réserver
deux postes était trop par rapport à la proportion d'élèves en
adaptation scolaire versus ceux du régulier. Elle demandait donc que
la proposition soit modifiée.
C'est
à ce moment où je me suis levée.
Après
m'être présentée devant l'assemblée, j'ai fait valoir la
légitimité de notre place, comme parents, sur le conseil
d'établissement. Mon discours (en résumé) allait comme ceci :
« Je
suis un parent d'enfant en adaptation scolaire. Mon enfant est
différent du vôtre, certes, mais cela ne fait pas de lui une
nuisance. Les enfants d'adaptation scolaire ne sont pas des
terroristes. Ils ont intégré le programme de soutien émotif, car
le cheminement scolaire régulier ne leur convenait pas. Les
maintenir dans un cadre régulier aurait certainement nui aux
apprentissages de votre enfant, mais aussi aux leurs. Le cheminement
de nos enfants est différent, mais ils demeurent néanmoins que ce
sont des enfants. Il est temps de briser l'isolement et de faciliter
le contact entre vos enfants et les nôtres parce qu'ils font aussi
partie de cette école, au même titre que n'importe quel enfant du
régulier. »
J'ai
ajouté des trucs concernant la représentativité des enfants et
qu'à mon sens, être deux parents d'adaptation scolaire permettrait
une vraie défense de leurs droits et de leurs besoins. Bref, j'ai
tenté de leur faire comprendre que ma présence sur le conseil
d'établissement n'avait pas pour but de nuire aux enfants du
régulier, mais bien de mieux représenter les enfants d'adaptation
scolaire.
Suite
à mon allocution, un père s'est levé. Voici ce qu'il avait à
dire : « Je voulais voter contre la proposition de
réserver une place pour les parents d'adaptation scolaire, mais si
j'avais à voter pour quelqu'un maintenant, je voterais pour elle. »
Il a poursuivi en disant que ce n'était pas le fait que je sois un
parent d'adaptation scolaire qui me ferait obtenir une place sur le
conseil, mais simplement ma façon de me présenter, de m'exprimer.
Au
moment de passer au vote concernant la répartition du nombre de
places sur le conseil d'établissement (1 ou 0 – parce que 0 était
aussi une possibilité et que 2 ne semblait pas retenue), j'ai eu
toute une surprise. Une dame s'est levée et a demandé pourquoi
l'option de maintenir deux parents n'était pas maintenue. Elle
jugeait que la demande était acceptable et que d'autres semblaient
avoir le même avis. Une 3e proposition fût donc rédigée... et la
majorité s'est prononcée : 2 places seraient réservées aux
parents d'adaptation scolaire. (Advenant qu'il n'y ait pas deux
candidats, la place serait attribuée à un parent du régulier.)
Je
criais intérieurement victoire. Enfin, nous aurions notre place!
Bien
sûr, au moment de présenter les candidatures, je me suis levée.
Nous étions deux. Nous avons obtenu nos postes.
En
quittant, un père est venu me voir pour me dire que ce que j'avais
dit l'avait touché et que j'avais eu raison de prendre la parole. Il
a même dit que si je me présentais à la présidence, il voterait
pour moi. (Ça ne fait pas du tout partie de mes plans par contre.)
Aujourd'hui,
j'ai gagné ma place sur le conseil d'établissement. Mais au-delà
de cela, j'ai gagné une place pour ces enfants aux besoins
particuliers qui méritent d'être représentés, d'être entendus.
Maintenant,
allons changer les choses un peu!
Différent, mais aussi comme les autres... Fiston Tupperware |
Wow! C'est excellent! Bravo pour ton discours!
RépondreSupprimerÉtait-ce parce que les parents des enfants en adaptation scolaire étaient exclus du CE auparavant ?
RépondreSupprimerJe comprends très bien ton point de vu Maman Tupperware, quoi que je trouve que cette approche marginalise davantage les enfants à défi. Avec cette loi, il n'y aura que 2 parents, jamais plus pour représenter cette minorité...
Bravo pour ton implication, ça prend des parents comme vous pour faire avancer les choses...
Wow! Bravo! Ça a dû être extrêmement gratifiant! J'aurais aimé ça être là pour voir ça... :)
RépondreSupprimerSimplement bravo !
RépondreSupprimerwow! bravo! C'est fou ce qu'avoir des enfants, de les aimer et de vouloir le meilleur pour eux peut rendre éloquente et productive. Super.
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