Aujourd'hui, le téléphone a sonné. J'ai répondu. Pas de surprise: c'était l'école. Ta journée ne se déroule pas bien. On me demande de venir te chercher, car tu ne réussis pas à retrouver ton calme. Je pars donc, tranquillement, vers l'école. En arrivant, la secrétaire connaît déjà la raison de mon arrivée hâtive. Elle me guide, comme à l'habitude, vers le bureau de la TES, où je te retrouve assis sur une chaise, le visage assombri, les sourcils froncés, les poings serrés. Ton accompagnatrice m'explique que la journée a mal débuté, qu'une intervention suite à un évènement s'étant produit la veille t'a désorganisé. Je l'écoute m'expliquer que tu t'es mis en colère, pour ensuite revenir au calme, et ce, plusieurs fois depuis le début de la journée. La situation s'est détérioré, tes propos sont devenus hargneux, ton corps tendu et tes comportements violents. Tu as frappé ton accompagnatrice, tu as lancé tes effets, tu as crié, chahuté, refusé de collaboré. La violence n'étant pas tolérée à l'école, tu dois retourner à la maison. Tu reviendras lundi accompagné de tes parents.
Tu quittes le local avec ton accompagnatrice pour aller chercher tes effets. Je t'attends au secrétariat. Je réfléchis. Quelque chose ne va pas. Je l'ai vu dans tes yeux, je l'ai ressenti dans ton regard. Au moment où tu me rejoins, tes yeux sont remplis de larmes, ta lèvre inférieure tremble. Tu me regarder et me dit : "Je suis un débile! Je ne sais pas me contrôler. Je comprends que tu arrêtes de m'aimer. Je me fous que tu perdes ton travail. Je veux que mon père perde son travail! ainsi, vous serez plus souvent auprès de moi...et peut-être recommencerez-vous à m'aimer un peu! Je reconnais l'émotion dans tes yeux maman: c'est de la tristesse. Tu es triste parce que tu ne m'aimes plus. Tu es triste parce que tu es déçu. Je suis un DÉBILE!!!"
Ton accompagnatrice, témoin de ton discours, me regarde et cherche ses mots. Elle te caresse le bras doucement et te dit qu'elle est en classe pour te guider, t'aider à apprendre à te contrôler. Elle te répète que tu n'es pas un débile, que tu es un garçon intelligent et qu'elle croit en toi. Je poursuis en t'expliquant sensiblement la même chose: tu n'es pas un débile, je crois en toi... Mais tu ne nous entends pas. Tu fais des mouvements circulaires avec ta main droite, autour de ton oreille, en hurlant: JE SUIS UN DÉBILE.
De retour à la maison, tu t'installes à table pour le repas. Je te sers ce que tu devais manger à l'école. Tu n'aimes pas, tu n'en veux pas. Tu pleures en silence devant ton assiette. À ce moment-là, j'ai volontairement pris ton assiette, j'ai mis le contenu à la poubelle... et je t'ai servi autre chose: tes rôties au Nutella! Surpris, tu me regardes et me demandes pourquoi je te fais ce plaisir. Pourquoi, malgré ton comportement, outrepassai-je mon rôle disciplinaire et t'accorderai-je une douceur? Assise devant toi, des rôties couvertes de Nutella dans mon assiette à moi, je te regarde et je souris....
Je plonge mon regard dans le tien et me mets tranquillement à t'expliquer ceci:
« Mon fils, avant même d'être médicalement et légalement ta mère, je t'aimais. Je t'ai aimé avant même de te tenir dans mes bras. Je t'ai aimé avant de te connaître. Je t'aime le matin. Je t'aime le midi. Je t'aime le soir et je t'aime même la nuit. Je t'aime quand tu ris, quand tu pleures et même quand tu cries. Je t'aime, parce que je suis ta mère, parce que je vois en toi beaucoup de choses qui méritent d'être aimées. Je t'aime pour ton intelligence, ton regard coquin et tes réflexions parfois inusitées. Je t'aime pour ta vivacité, ta curiosité et ta spontanéité. Je t'aime et je suis fière de toi. Je sais que tu crois que je pourrais arrêter de t'aimer... mais ce n'est pas le cas. Tu as raison... je ne peux pas te promettre que je t'aimerai toute ta vie..... mais je te promets ceci: Je t'aimerai toute la mienne. »
Encore, je pleure ! J'envoie plein d'amour à Alexandre ce matin. xxxxxxxxxxxxx
RépondreSupprimerMerci Roxxx! Mon garçon en a besoin. xxxx
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