lundi 31 octobre 2011

HALLOWEEN 2011

          Cette année, le thème était homogène : les superhéros!    
       
          Après plus de 6 semaines à contempler les sacs contenant leurs costumes respectifs, mes enfants ont enfin pu revêtir leurs déguisements.

          À mon retour du travail vers 7h30 – mon dernier quart de travail de nuit! – mes enfants s’affairaient à enfiler leurs habits. Mon grand a tout fait seul. Ma fille a eu plus de difficulté. Comme elle n’avait qu’un seul choix de costume en tête depuis le mois de juin, j’ai ignoré le fait que le costume serait peut-être un peu petit au moment de le vêtir le soir du 31 octobre. Le costume qu’elle avait sur le dos était le seul que j’avais réussi à trouver après plusieurs semaines de recherche. Il faudrait donc vivre avec le fait qu’il soit un tantinet ajusté. Mon bébé quant à lui, n’a jamais voulu enfiler son costume de grenouille. Je ne me suis pas obstinée. Une mère finit par choisir ses combats.
          Mes enfants étaient tellement excités, et moi tellement épuisée par le manque de sommeil que je n’ai même pas pris de photo avant leur départ pour l’école et la garderie. L


À leur retour à la maison à 16h00, la maisonnée était fébrile. Petit souper rapide, enfilage de costume et départ pour la tournée de bonbons!
Batgirl, Anakin,Capitaine América et Flash

          Après avoir récolté des bonbons pendant plus d’une heure, j’ai accepté de faire visiter une maison hantée à mes deux superhéros! Note à moi-même : pas une bonne idée du tout avec un enfant souffrant de troubles anxieux et une enfant de 3 ans et demi… Je vous laisse en juger par les images captées.



          Ensuite, retour à la maison. Bain, pyjama, tri des bonbons, privilège de manger un bonbon avant d’aller au lit, une histoire et DODO TIME!
          Honnêtement, ce soir, parce que mon grand avait en tête les images de la maison hantée, j’ai remercié le ciel qu’il prenne de la mélatonine pour l’aider à s’endormir sinon je serais certainement encore en train d’essayer de le convaincre que ce qu’il a vu n’était pas vraiment réel. (Surtout le bonhomme Chucky robotisé qui était dans les bras de la dame qui donnait les bonbons et qui s’est retourné vers mes enfants au moment de déposer les bonbons dans leurs paniers!)

Bonne Halloween!

Flash

Capitaine América

                                                 
                                                               Maman Tupperware
                                                                 (Émilie Bordeleau était elle aussi un héroine! )

C'est notre tour!

Depuis l’an passé, tous les intervenants scolaires nous expriment leurs inquiétudes en liens avec des retards supposément flagrants en motricité fine et globale de notre grand garçon. Alors qu’à cette période nous étions en attente sur toutes les listes d’attente possible et inimaginable, il semblait que les retards devenaient de plus en plus importants.

On nous a expliqué que notre fils était incapable de sauter sur un pied sans perdre l’équilibre, qu’il ne pouvait pas mettre sa main droite sur son épaule gauche en même temps que sa main gauche sur son genou droit et qu’on devait lui rappeler d’alterner les pieds lorsqu’il montait ou descendait un escalier. On nous parlait aussi de sa prise inadéquate du crayon, de sa maladresse dans les tâches demandant de manipuler de petits objets ainsi que de sa calligraphie plutôt grossière.

Quelques recherches m’avaient permis de comprendre que notre fils avait sans doute une mauvaise latéralisation entre ses hémisphères cérébraux. Par manque de temps, je n’ai pas poussé ma recherche plus loin. Je craignais aussi de tomber dans les scénarios catastrophiques si je me mettais à lire sur le sujet tout en sachant bien que je devrais tout de même attendre entre 6 et 18 mois avant d’obtenir les services d’ergothérapie.

Pendant l’été, notre fils a beaucoup progressé. Il a appris à faire du vélo à deux roues et en a fait vraiment beaucoup (!). Il a aussi appris à faire du patin à roues alignées, de la planche à roulettes et à attraper, lancer et frapper une balle de baseball, mais il n’a pas amélioré sa calligraphie parce que l’été c’est fait pour jouer.


Après plus de 6 mois d’attente, notre tour est ENFIN arrivé! Nous aurons notre premier rendez-vous d’évaluation. Nous aurons aussi la possibilité d’obtenir la visite de l’ergothérapeute à l’école afin d’aménager l’environnement et de faciliter l’apprentissage de notre fils.

En fait, je dois avouer que je ne sais pas trop ce que tout cela implique. Pas parce que je n’ai pas envie de savoir, mais surtout parce que j’ai décidé de traverser le pont quand nous y serons. Et même si j’ai constaté beaucoup d’amélioration au niveau de la motricité de mon grand garçon, j’accepte que l’aide tant attendue soit enfin arrivée. Pour le reste, on fera comme on a l’habitude de faire, c'est-à-dire prendre chaque journée comme elle vient et faire de notre mieux!


*Un merci particulier à Mamanbooh de m'avoir fait découvrir l'application Instagram, qui enjolivera mes textes et m'aidera à être plus créative!

samedi 29 octobre 2011

Transition maternelle

               Mon bébé a 18 mois… DÉJÀ!!!! Est donc arrivé le temps de sortir mon petit dernier de son lit de bébé et de passer au lit de grand. J’ai eu trois enfants. Les deux premiers sont passés directement de la bassinette au lit 39 pouces. Je ne croyais pas au lit de transition. Je trouvais que c’était un achat inutile. Je n’en voulais pas. Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée!

Comme je ne voulais pas investir une somme astronomique sur un lit de transition, j’ai déniché un lit d'occasion ainsi que de la literie et des articles décoratifs sur un site internet de petites annonces. Nous sommes allés chercher le tout vendredi soir — ça faisait longtemps que nous n’avions pas fait de sortie en amoureux! ;-)

                Nous voilà donc en train d’installer le nouveau lit de transition de mon petit garçon. Le modèle voiture de course. La réplique de Flash McQueen! Je suis vraiment excité. Mon fils tourne autour de nous, il répète sans cesse : AUTO! AUTO! AUTOOOO!!!!!

                Mon grand, qui regarde la scène, est très heureux pour son petit frère, mais a clairement un petit pincement au cœur. Il est content que le nouveau lit soit dans sa chambre, impliquant qu’il partagera dorénavant la pièce avec son frère cadet, mais aurait préféré que le lit soit pour lui. Il nous demande donc, avec le regard du chat botté de Shrek, de lui acheter un lit NASCAR. Nous y penserons

                Ma cocotte tourne elle aussi autour du lit. Elle le trouve très beau et affectionne particulièrement les articles décoratifs, mais ne fait aucune demande.

                Au moment d’aller au lit, ma princesse me dit ceci : « Je voudrais une chambre de pingouin s.v.p.. » Euh… Quoi? Elle répète : « Je voudrais une chambre de pingouins. J’aime beaucoup les pingouins. »
               
                Ma petite fille aux yeux bleus me demande de décorer sa chambre sous le thème des pingouins! Elle veut des murs bleus, des pingouins sur sa douillette et d’autres sur ses murs. Elle aimerait aussi un lit en forme de pingouin... mais comprend que ce sera peut-être un peu plus difficile à trouver qu’un lit de Flash McQueen. Je ne dis pas oui, je ne dis pas non. Nous verrons.

                En sortant de sa chambre, j’ai pris quelques instants pour regarder la déco en place : Cendrillon, Belle et Aurore. Les princesses de Disney sur les rideaux, sur son lit, sur sa lampe. Advienne que pourra… il semblerait que MA princesse ait un penchant pour les pingouins!

                Il faudra bien que je m’y fasse. Les enfants grandissent, deviennent autonomes, développent leurs propres goûts. Bientôt, je ne pourrai plus simplement décider pour eux, sans les consulter. JE devrai respecter leurs préférences, et laisser place à leurs idées.

                Et au moment où mon petit dernier devient grand…, ma petite fille devient elle aussi… de plus en plus grande! 

                                               

vendredi 28 octobre 2011

Les petites voix

              Noël s’en vient! Comment je le sais? Ce n'est pas parce que j’ai vu la première neige tomber, ni parce que les articles de Noël sont déjà sur les présentoirs des magasins. Ce n’est pas non plus parce que les choix de vacances des fêtes sont débutés à mon travail, ni parce que le catalogue Sears de Noël est arrivé à la maison.

                Je sais que Noël s’en vient parce qu’il y a de petites voix – qui ne sont pas dans ma tête – qui me le rappelle. Quand la maison est calme, j’entends ces petites voix faire la liste de toutes les choses qui devront être inscrites dans une lettre qui partira bientôt pour le Pôle Nord. Il semblerait, si ces petites voix sont bien informées, qu’il y a là-bas un gros bonhomme à barbe blanche qui s’affaire à offrir aux enfants sages TOUT ce qu’ils désirent.

                Par curiosité, j’ai voulu entendre ce que mes petites voix allaient bien pouvoir demander à ce monsieur que je connais peu. Je me suis donc approché discrètement, en tentant le plus possible de ne pas laisser sortir le petit fou rire qui me chatouillait le bord des lèvres. J’ai pu entendre la première petite voix expliquée à la deuxième que sur sa liste il y aurait sans aucun doute une planche à neige, une Nintendo DS3, une deuxième guitare, un iPod touch et peut-être aussi des super héros. Alors que la première petite voix déblatère sur l’importance d’être précis dans sa demande, la deuxième petite voix reste muette. J’attends donc. J’attends encore. Silence radio.

                En entendant leurs petits pas se diriger vers l’endroit où je me trouve, je décide de retourner rapidement à la cuisine, histoire de finir de vider le lave-vaisselle.

                Mon grand garçon s’approche de moi et me demande si l’on rédigera bientôt les lettres pour le Père Noël. Je réponds oui, sans préciser la date (!). Ma petite fille, debout à la droite de mon garçon, me regarde avec ses grands yeux bleus. Elle a le visage d’une enfant complètement perdue dans l’histoire de son grand frère. Je la prends dans mes bras et je l’assois sur le comptoir de la cuisine. Je lui demande ce qui ne va pas.

                Perplexe elle me répond qu’elle ne sait pas ce qu’elle va mettre sur sa liste au Père Noël. Je lui demande donc ce qu’elle aimerait recevoir. Elle répond : un petit toutou singe. Quand je lui demande ce qu’elle aimerait avoir en plus de cela, elle hausse les épaules et ne répond rien. Je me mets donc à lui suggérer plusieurs choses : des Barbies, une maison de poupées, de nouvelles poupées, des crayons à colorier, des vêtements… Bref, je lui offre ouvertement de me ruiner! Elle continue à me regarder, souris un peu, mais ne déborde pas d’enthousiasme. Je vois bien qu’elle ne sait pas trop ce qu’elle va faire de toute cette histoire!

                Je la reprends dans mes bras, je la serre bien fort contre moi, je lui bécote une oreille et je lui demande si elle a envie de faire de la pâte à modeler. Elle rigole et accepte mon offre avec un large sourire.

                Noël s’en vient. Mais il semblerait que cette année, je devrai travailler fort pour réussir à savoir ce que ma petite princesse à la voix d’or aimerait recevoir du gros bonhomme à la barbe blanche qui lui fera VRAIMENT plaisir. Au moins je saurai quoi mettre dans son bas de Noël : un toutou singe! J
             Galerie de Chants de Noël

jeudi 27 octobre 2011

30 minutes

            Votre mission cette semaine : Jouer 30 minutes seul avec votre enfant, en le laissant choisir le jeu (aucun écran!) et en ne faisant aucune discipline – même s’il triche, change les règles, change de jeu, a des écarts de langage ou de comportements.

                Simple? Euh… non! Pas vraiment!

                Pourquoi? Parce que je ne sais pas jouer! Depuis que j’ai des enfants que je sais que je ne sais pas jouer. Je lis des histoires, je fais des bricolages, j’organise des activités, mais je ne joue pas proprement dit. J’explique les règles, j’organise le matériel, je guide le jeu, j’interviens si la chicane éclate… mais je ne joue pas! J’achète les jouets, je les classe, je les rends accessibles… mais je ne joue pas. Alors ce défi, cette semaine, il est de TAILLE!

                Depuis que je sais que je dois relever ce défi, je procrastine. Je n’ai déjà pas une seconde à moi, alors je conçois bien mal comment je vais réussir à loger un 30 minutes de one-on-one avec mon grand dans l’horaire chaotique de ma vie.

                J’ai aussi un peu peur de mon absence de talent de joueuse. Et si mon garçon me trouvait vraiment… PLATTE? S’il décidait de ne pas jouer avec moi plus de 10 minutes? S’il ne comprenait pas que ce n’est pas parce que je ne veux pas, mais parce que je ne SAIS pas?
               
                Ne vous méprenez pas. Je veux les jouer ces 30 minutes avec mon grand garçon. Je voudrais aussi parvenir à faire la même chose avec ma fille et mon bébé. Mais comme toutes les fois où je dois essayer quelque chose de nouveau, ou toutes les fois où je dois sortir de ma zone de confort, je repousse le moment d’exécution de la tâche.

                En thérapie, les intervenantes nous ont donné ce défi en nous expliquant une chose importante : ce sera difficile la première fois. Vous aurez de la difficulté à rester muet devant des comportements étranges ou indisciplinés, devant votre enfant qui risque de vite réaliser que c’est lui qui décide et que vous ne le réprimandez pas même s’il triche, blasphème ou crie. Vous trouverez cela difficile, mais vous en apprendrez beaucoup sur lui. Vous serez un observateur et vous tirerez beaucoup d’enseignement de votre enfant. Après plusieurs semaines, vous verrez, vous apprécierez chacune des 30 minutes de jeux avec votre enfant ce ne sera plus un défi, mais une routine, un moment privilégié… et en plus, ça vous réapprendrez à jouer!

                Qui disait que la thérapie ne viserait qu’à faire évoluer mon enfant? Semblerait que j’aurai beaucoup à apprendre de moi-même dans ce processus thérapeutique visant, au départ, à venir en aide à notre fils.

Alors ainsi soit-il! J’ai jusqu’à lundi soir prochain pour relever mon défi. J’y arriverai. Et je parie même que je vais apprécier.

                Et vous? À quand remonte votre dernier 30 minutes?

                                           

mercredi 26 octobre 2011

Frustration

                Nous sommes en thérapie. Un groupe composé de parent d’enfant comme le nôtre et animé de façon très dynamique par une psychologue et une travailleuse sociale. Nous avons accepté de participer à ce groupe afin d’avoir en main plus d’outils, plus de connaissances sur le TDAH et les troubles anxieux. Nous avons ressenti le besoin d’être épaulé comme parents, mais aussi comme individu et comme couple.

                D’un côté, les parents discutent, partagent, apprennent des uns et des autres. Les inquiétudes y sont exposées sans censure et sans crainte d’être jugé. Souvent, des larmes sont versées. Sans nous connaître, nous avons tous une chose fondamentale en commun : le désir de trouver des solutions et d’aider nos enfants dans leur quotidien. J’y ai rencontré des mamans et un papa comme nous. Des parents aimants, souvent pris au dépourvu devant leur enfant de 6 ou 7 ans, et ne souhaitant qu’une chose : sortir de l’enfer qu’ils vivent depuis souvent plusieurs années

                De l’autre côté, nos enfants sont en ateliers. Jeux libres, jeux dirigés, collation, bricolage, motricité fine et motricité globale y sont explorés. Alors que je croyais que tout cela serait anodin, mon fils lui, ne partage pas mon opinion. Dans ce groupe, notre enfant y apprend quelque chose de très difficile : la tolérance à la frustration. Il est exposé à des choses auxquelles il a beaucoup de difficulté à faire face : attendre son tour, garder le silence, respecter les règles du jeu, faire ce qu’on lui demande même si l’intérêt n’y est pas. On le place aussi volontairement dans des situations de frustration : on change les règles du jeu sans prévenir, on lui fait sauter son tour sans raison, on l’oblige à se contrôler devant des situations qui le mettent normalement hors de lui.

                Cette semaine, mon grand a trouvé sa session difficile. Il n’a pas aimé les jeux, n’a pas aimé devoir retrouver son calme avant de pouvoir venir nous rejoindre et n’a pas aimé être mis en situation d’échec devant un jeu difficile dont il n’a pas saisi les subtilités. Je n’ai donc pas été surprise de recevoir un appel de l’école en milieu d’après-midi, me demandant de venir chercher mon fils parce qu’il était hors de lui et n’arrivait plus à se contrôler. Je suis allée le chercher, je l’ai serré dans mes bras et je l’ai ramené à la maison. Dans la voiture, il m’a dit ceci : « J’ai trouvé ça difficile aujourd’hui Maman. C’est comme si ma colère de ce matin n’était pas partie, comme si les efforts que je fais depuis pleins de jours ne servaient à rien. »

                J’ai donc expliqué à mon grand, devant un grand verre de jus et des petits poissons au fromage, qu’il y en avait des journées comme ça! Qu'il m’arrivait à moi aussi de me lever du mauvais pied, de juste avoir envie de rester caché dans mon lit et de bougonner.

J’ai pris son agenda et j’ai compté avec lui le nombre de journées « vertes » : dix-huit. Dix-huit journées sans crise, sans colère, sans perte de contrôle, sans appel de l’école pour que j’aille le chercher. Je lui ai rappelé que lorsqu’il aurait 30 cercles verts, il aurait droit à un privilège, comme les autres élèves de sa classe.

Le lendemain : pas d’appel, pas de crise, un cercle vert.
                                                             

mardi 25 octobre 2011

Maman Lionne

Enceinte, on a fait les cours prénataux, on a acheté un (parfois deux) guide qui nous permettrait de suivre notre grossesse. On n’a pas mangé de sushi, pas bu de whisky, évité les fromages crus et cessé de se pencher pour ramasser nos clés.
Ensuite, on les a mis au monde, on les a allaités le plus longtemps possible, fréquenté les haltes allaitements, suivi assidument leur courbe de croissance, lu tous les Protégez-vous et feuilleté le Mieux Vivre toutes les 48 heures. Tout ça, pour faire le moins d’erreurs de débutante.
Lorsque le congé de maternité fût terminé, on s’est tordu le cœur à laisser notre trésor en garderie pour retourner travailler. On ne parlait plus que de ce petit être qui avait moins d’ancienneté dans notre vie que bien des collègues et amis.
Plus tard, on s’est habitué. On les a regardés grandir, se développer et acquérir plus d’autonomie. Ils ont ensuite pris le chemin de l’école, avec sur le dos des sacs qui faisaient souvent le double de leur poids et de leur largeur.
Pour certains, tout s’est bien passé. Les apprentissages se sont faits sans heurt, sans esclandre. Pour d'autres, ça aura été différent. Ça aura pris plus de temps, plus d’intervenants, plus d’encadrement. Ça aura pris des parents présents, collaborant et à l’affût des signes présentés par leur enfant. Ça aura pris des parents qui ont accepté l’aide offerte, tout en restant critique face aux professionnels qui savent tous mieux les uns que les autres ce qui peut convenir à leur enfant.
Alors que certains me reprochent de monter aux barricades, de parler fort et de continuellement mettre mon nez là où il serait préférable que je ne le mette pas. Alors que derrière moi, certains chuchotent le nom de mon enfant en me pointant du doigt sans jamais avoir le courage -ou l’audace- de venir me dire de vive voix les sornettes qui leurs passent par la tête. Pendant que tout un chacun se mêle de ses affaires, ne se sentant jamais concerné par ce qui se passe autour de leur enfant, comptant secrètement sur des mères comme moi pour faire changer les choses… Pendant tout ça, moi, je réclame, j’exige et j’insiste.
Je réclame des explications chaque fois où je le juge nécessaire. Je fais les coups de fil qui s’imposent si les réponses ne me satisfont pas. J’exige pour mon fils le droit à des interventions justes et surtout justifiées. J’insiste pour que tout cela se fasse rapidement. Je n’accepte pas les excuses, je refuse les délais d'attente et je harcèle pour des résultats.
Chaque journée qui se passe bien pour mon grand, je remercie le ciel. Je dis merci simplement parce que chaque journée sans crise, sans hargne, sans propos suicidaires, sans perte de contrôle est une journée où mon fils apprend. C’est une journée où il gagne de la confiance en lui, où il est attentif aux autres, où il se sent normal. Parce que quand les journées se passent mal, notre grand a peur. Il pense que tous ses efforts ne servent à rien, que son écart de comportement vient d’anéantir les 28 journées « vertes » de son agenda.
Jamais les cours prénataux ou les guides pour parents ne m'ont avertie que ce serait parfois tellement difficile que je voudrais résilier le contrat qui me lie à mon enfant. Et jamais ne m'ont-ils avertie que mon enfant ferait de moi un meilleur être humain en me donnant le courage de me battre, par amour, contre l’ignorance et les préjugés. Que cet enfant me pousserait à toujours vouloir faire mieux, malgré le manque de ressources. Qu'il saurait faire sortir le meilleur de moi beaucoup plus souvent que le pire.
Je suis une maman lionne. Je protégerai mon enfant chaque fois où je devrai le faire et chaque fois où je jugerai qu’il a été lésé dans son droit à être ce qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses. Je l’accompagnerai jour après jour, non pas pour le surprotéger, mais parce que je connais sa fragilité.
Comme une maman lionne, je partirai à la chasse pour le nourrir, je défendrai mon territoire et le sien. Et tenez-vous-le pour dit : je sortirai les griffes et je montrerai les dents à quiconque osera nuire à son développement.
                 lionne_lionceau

lundi 24 octobre 2011

Voulez-vous m'encourager?

            À l’heure du souper, je suis dans le jus… même si le souper est déjà prêt de la veille (gracieuseté de mon Ricardo à moi!). Je cours à gauche et à droite, essayant de ramasser les dommages collatéraux laissés par mes trois tornades, d’occuper Maxou jusqu’à l’heure du service, de trouver un jeu calme pour Loulou et de revoir certaines leçons avec mon grand. Bref, dès mon retour de la garderie, je suis en station debout, alors que mes trois marmots sont confortablement assis devant un souper chaud et un verre de lait toujours plein.
            Alors pour moi ce soir, rien de nouveau sous le soleil chaud de Lanaudière! Mais vers 17h22, j’entends un son inhabituel : quelqu’un cogne à la porte. Chez moi, ça n’arrive jamais. Survoltés, mes enfants se sont précipités à la porte pour ouvrir. Par chance, elle était verrouillée. (Note à moi-même : revoir les règles de sécurité lors de l’ouverture de la porte lorsque ça cogne!)
            Après avoir fait fuir mes petits curieux, tassé quelques chaussures, enjambé le sac à couches, évité de justesse le sac à dos et la boite à lunch de mon grand, j’ai réussi à ouvrir la porte d’entrée. Devant moi, un semi-pré-ado, les cheveux trop longs, des broches et un sourire radieux. Sur ses épaules, un sac à dos. Dans sa main droite, une palette de chocolat. Gentiment, il me demande si je désire l’encourager. Il joue au hockey.
            Si mon conjoint avait été là, je n’aurais pas fait face à mon avarice. Il achètes toujours le chocolat d'encouragement. Comme il travaillait, j’ai dû assumer : non merci. À peine la porte refermée je me suis sentie... CHEAP! Ma tête me disait que j’avais le droit de dire non, que j’étais dans le jus, que je n’avais pas vraiment le temps de commencer à chercher un deux dollars, que je savais ne pas avoir. Je me suis retournée vers mes enfants. Mon grand, incrédule, n’a trouvé qu’une chose à dire : « Ben là! Il joue au hockey! »
            Me voilà donc, semi-confuse, en train de me questionner sur mon non-achat. Les chiffres s’alignent soudainement dans ma tête : frais d’inscription, achat d’équipement, dépôt pour le chandail d’équipe, prix des tournois, prix des photos, prix des cafés Tim Hortons achetés tous les samedis et dimanche matin… Je me mets aussi à penser à la campagne de financement qui débutera sous peu pour l’équipe de mon grand à moi. Chocolat? Loterie? Objets promotionnels? Mystère!
            J’ai aussi pensé aux enfants que l’on voit sur les grandes artères de notre ville, en équilibre sur les terre-pleins, qui le temps d’un feu rouge déambulent pour vider nos porte-gobelets des quelques sous qui n’ont pas été laissés à l’employé qui a préparé le café qui se trouve dans celui d’à côté. (Je désapprouve cette forme de collecte TOTALEMENT non sécuritaire!!! Vous n’y verrez JAMAIS mon Grand!)
            Je me suis dit que cette année, j’avais déjà vendu 2 boites de chocolat pour le patin artistique de ma fille et trouvé un commanditaire pour son spectacle de fin d’année. Je me suis aussi dit qu’en plus de payer les frais de bases, je m’étais toujours occupée de vendre les articles demandés afin de récolter des fonds pour améliorer la vie au CPE, à l’école, au patin artistique et au hockey.
            Je me suis aussi dit… que ce jeune-là avait pris la peine de venir frapper à ma porte et que je n’avais pas acheté son maudit chocolat à 2 $. Chocolat que j’aurais bien savouré avec un bon café en regardant la télé une fois les enfants couchés.

Et vous? Vous auriez acheté ou pas?

samedi 22 octobre 2011

Changement de saison

                 Je n’aime pas l’automne. Le temps gris, la pluie, la température qui refroidit… Grrr! La transition est trop brusque : fini les sandales, les robes soleil, les camisoles… Du jour au lendemain, on passe en mode manches longues, culottes longues… faces longues!

                On se retrouve à habiller nos enfants en pelures d’oignon! Ils quittent le matin avec un manteau, un chapeau, une veste et des bottillons de pluie. À l’heure du diner, ils sortent en chaussures, sans le chapeau, mais en gardant la veste. À 15 h, on les retrouve en manches courtes le front en sueur! Devinez ce que ça donne? Bien sûr! Des petits nez qui coulent et des virus pour s’y installer.
               Malgré tout, on s’habitue. On traine les vestes au cas où, et les bottillons pour la même raison. On renoue avec les mouchoirs dans le fond des poches – en priant le ciel de ne pas les mettre dans la machine à laver le soir venu!
               On prend de petites marches avec les enfants pour regarder les feuilles des arbres changer de couleurs et on rentre à la maison, le bout du nez refroidi, pour écouter un peu la télé.
               On prépare l’Halloween. Les costumes sont achetés, le décompte commencé. Bien en évidence dans leurs chambres, les enfants contemplent leurs habits et trépignent de bonheur. J’entends parfois mon plus grand pratiquer son « Trick or treat! », qu’il veut de plus en plus convainquant avec les années. Il a bien compris que plus on est gentil, plus les distributeurs aussi!


             Notre citrouille est taillée. Trois visages sur une seule citrouille! On n’arrivait pas à se décider alors on va simplement la tourner. Même la chandelle a été testée. Et malgré le fait que je sois la seule à avoir eu le privilège d’évider la chair de citrouille…, on a bien rigolé. Moi qui croyais que de laisser mes enfants jouer dans la giblote de citrouille leur ferait plaisirs.... Il semblerait que de regarder maman faire le travaille soit beaucoup plus amusant! :-)
      

Le choix d'Anne-Sophie
Le choix d'Alexandre
Le choix ...traditionnel! (L'achat de calque n'a pas fait l'unanimité!)
              Je n’aime pas l’automne. Je ne l’aime pas jusqu’au moment où je me rends compte qu’ensuite, ce sera l’hiver, le printemps et que l’été reviendra. Et je ne vous le cacherai pas… vous entendrez le même refrain à chaque changement de saison… parce que je suis comme ça… Ça me prend parfois du temps avant de voir le bon côté d’un changement…

jeudi 20 octobre 2011

Le doute

            La rentrée scolaire 2011-2012 fut difficile. Alors que je m’attendais à une amélioration, ne serait-ce que minime comparativement à l’an passé, j’ai vite réalisé que ce serait pire. Septembre n’était même pas terminé que mon petit monstre avait déjà deux suspensions à son actif. À ce rythme-là, on ne prévoyait pas se rendre à Noël en cheminement régulier. L’accompagnement en classe tardait à être instauré, le plan d’intervention n’était pas imprimé et la médication toujours en cours d’ajustement. Épuisée, j’ai changé mon horaire de travail afin d’être capable de pouvoir aller cherche mon grand garçon rapidement si l’école ne pouvait plus s’en charger. Je travaillerais de nuit. Finis le téléphone qui sonne en pleine journée. Finis l’incapacité de pouvoir finir un quart de travail sans être interrompu à tout bout de champ. Je ne savais pas quand je trouverais le temps de dormir, mais je considérais que c’était un détail.
            Tout était donc en place : médication ajustée, plus de disponibilité parentale et début du transport en autobus scolaire – donc fin du service de garde. J’étais d’attaque. J’y arriverais.
            Le 16 septembre… plus rien! Que de belles journées pour Alexandre à l’école. Des cercles verts se succèdent jour après jour dans son agenda. Comportement impeccable. Fin des crises de colère. Il accepte de faire ses travaux et de faire ce qui lui est demandé. Son accompagnatrice ne fait qu’intervenir… auprès des autres enfants. Alexandre est fragile, certes, mais il semble être parvenu à s’autocontrôler et commence à être capable de s’autodéterminer.
            Il a réussi à obtenir plusieurs privilèges à l’école, ce qui l’aide à augmenter l’estime qu’il a de lui-même. À la maison, mis à part les réveils nocturnes, il est presque parfait. Il accepte de se faire dire non, ne crie plus après nous, ramasse ses choses, fait ses routines et accepte même de jouer avec sa sœur. C’est presque trop beau pour être vrai.
            C’est tellement beau, que je suis déstabilisée. Mon enfant à moi est calme, il écoute, il se contrôle. Mon enfant dépasse toutes les attentes que j’ai d’un enfant. Mon enfant à l’air encore plus normal que normal. Au point où je me mets à douter. Je doute que mon fils ait un problème. A-t-il vraiment un TDAH? A-t-il vraiment un trouble anxieux généralisé? A-t-il vraiment besoin de tous ces médicaments que je lui administre trois fois par jour? Se pourrait-il que du jour au lendemain, tous se mettent à bien aller… comme ça? Simplement?
            Tout va tellement bien que j’ai envie de croire à une grosse erreur. À un mauvais diagnostic. J’ai envie de croire que c’était une mauvaise passe, qu’il a mûri, que maintenant il saura toujours comment bien se comporter et comment se contrôler devant une situation qui le mettra en colère. J’ai envie de cesser les rendez-vous en pédopsychiatrie, j’ai envie de cesser sa médication, j’ai envie de faire comme si la dernière année n’avait pas existé.
            Honnêtement, je crois avoir versé plus de larmes depuis qu’il va bien que pendant qu’il allait mal. C’est quand tu réussis à changer de pièce dans la maison sans qu’il y ait de crise, c’est quand tu arrives à bercer ton bébé sans que la chicane éclate, c’est quand tu manges un repas chaud et assis sur une chaise que tu réalises que tu brulais la chandelle par les deux bouts… C’est quand tu commences à dormir plus de 4 heures par jour que tu réalises que ton corps ne suivait plus… que le pilote automatique commençait à avoir envie de rendre les armes. C’est quand tu as enfin du temps libre que tu te rends compte que tu ne faisais plus rien depuis longtemps. C’est quand tu réussis enfin à t’arrêter et à respirer que tu es confronté au fait que… c’est une fois sorti de l’enfer que tu te rends compte à quel point c’était difficile.

            J’aimerais tellement que les contes de fées existent réellement. Que mon fils soit soudainement débarrassé de tous ces diagnostics et de tous ces médicaments. Je voudrais qu’il n’ait plus besoin d’une accompagnatrice, d’une thérapie comportementale et de rendez-vous sans fin avec tout plein de gens qui ont tout plein de diplômes…
            Mais je dois me rappeler ceci : si mon fils était diabétique et que j’arrivais à contrôler ses glycémies, je ne cesserais pas de lui administrer son insuline. Si mon fils était épileptique et qu’il ne faisait plus de crise grâce à ses anticonvulsivants, je ne cesserais pas de les lui donner. Si mon fils était asthmatique, anémique, boulimique, leucémique… Bref, vous me suivez n’est-ce pas?
            Reste plus qu’à croiser les doigts pour que les choses continuent de bien aller… pour qu’Alexandre chemine selon ses capacités. Les spécialistes qui nous entourent sont formels : nous ne venons pas de sortir d’un sprint… Nous venons simplement de prendre notre erre d'aller pour poursuivre un marathon qui durera encore plusieurs années…

mercredi 19 octobre 2011

L'enfant qui voulait mourir

            Seize heures. Mon garçon revient de l’école. Il est en colère. Il lance son sac à dos sur le sol, arrache littéralement son manteau de sur son dos et le jette par terre. Il tourne en rond dans la maison. Insulte sa sœur, frappe le sol avec ses pieds, refuse de me regarder.
            Je lui demande ce qui se passe, pourquoi est-il aussi en colère? Il ne me répond pas.
            Le souper est sur le feu, je m’affaire à tout finaliser afin qu’on puisse tous se mettre à table. Il s’approche de moi et me demande si je le déteste au point de vouloir l’empoisonner. Il me hurle qu’il déteste les saucisses italiennes, que ça lui donne mal au cœur et que ça le fera vomir. D’un ton sarcastique, il me félicite pour mon choix de repas, m’encourage à continuer à trouver d’aussi bonne recette, me remercie de gâcher sa journée…
            Ma patience a des limites. Après 30 minutes de ce petit manège, je finis par ressentir un tantinet de colère. Il refuse de m’expliquer la raison de sa colère et déverse sa hargne sur sa sœur, son frère et moi. Incapable de percer le mur qui nous sépare, je l’envoie se calmer dans sa chambre.
            Furieux, il explose! Il jette la cuisinière de sa sœur par terre, frappe dans les murs avec ses pieds, claque la porte de sa chambre. Il hurle qu’il déteste sa vie, qu’il n’aurait jamais dû venir au monde, que de toute façon je ne suis pas heureuse de l’avoir comme enfant. Il ressort ensuite de sa chambre pour me lancer des objets qui s’y trouvent et me hurler qu’il veut mourir, qu’il mettra sa tête sous l’eau, qu’il prendra un couteau, qu’il se jettera dans la rue… Il ajoutera qu’il est incapable d’être normal et que peu importe les efforts qu’il déploie pour s’améliorer, rien ne fonctionne.
            Je suis seule avec mes trois enfants à la maison. Mon fils, en crise, m’empêche de finir le souper et de prendre soin de ma fille de 3 ans et de mon fils de 17 mois. Mais au-delà de ça, ses paroles ont l’effet d’un coup de deux par quatre sur mon cœur. J’ai la poitrine qui brule, je contiens mes larmes, j’essaie de rester calme. Je sais que si je perds le contrôle, je ne lui serai d’aucun secours.
            Après un autre trente minutes de propos haineux et suicidaires, j’appelle un ami qui saura, je l’espère, me venir en aide. Je suis à bout de ressources. Je ne sais plus quoi faire. Nous convenons que si mon fils ne retrouve pas son calme, continu de me frapper et persiste à crier qu’il mettra fin à ses jours, je devrai appeler les ambulanciers.
            Horrifiée par l’idée que je devrai faire face à deux gaillards qui me jugeront de ne pas savoir comment venir à bout de mon enfant de 6 ans, je tente une dernière approche. J’entre dans la chambre de mon fils, qui hurle qu’il veut mettre sa tête sous l’eau et mourir. Je m’approche et le saisie rapidement. Je le tiens contre moi, contre sa volonté. Je le tiens fermement, il me donne des coups avec sa tête, tente de me mordre, m’écrase les orteils avec ses talons. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, mais je n’ai jamais lâché. Je n’ai rien dit. J’ai attendu que ça cesse.
            Épuisé, mon fils s’est tourné vers moi et m’a regardée. J’ai relâché mon étreinte, j’ai appuyé sa tête contre mon cœur et je l’ai bercé. Je ne pleurais pas. Lui non plus. Je lui ai demandé s’il voulait se joindre à nous pour le souper. Il a répondu oui.
            Assis à table avec sa sœur, son frère et moi, mon garçon s’est excusé d’avoir perdu le contrôle. Son regard fixé sur le mien, il m’a dit qu’il se sentait mieux, mais qu’il n’avait pas menti : il voulait mettre sa tête sous l’eau et mourir.
            Ne sachant quoi répondre, je lui ai demandé s’il avait l’intention de le faire ce soir. Il a répondu non. Il a ensuite demandé du dessert.
            Ce soir-là, je me suis couché le cœur meurtri. J’avais l’impression d’avoir une enclume sur la poitrine, que ma tête était en feu. J’aurais voulu hurler, mais je n’y arrivais pas. Cette nuit-là, je n’ai pas dormi. J’ai pensé. J’ai réalisé que notre fils avait besoin de nous plus que ce que je n’aurais pu croire. Que son TDAH et son trouble anxieux faisaient définitivement partie de lui. Que nous devrions trouver des façons de l’aider, de l’accompagner dans ses perceptions erronées afin qu’ils grandissent outillés pour faire face à son anxiété.

lundi 17 octobre 2011

N-O-N

     Trois lettres : N-O-N. Mot très court qui, lorsqu’exprimé, signifie un refus, une interdiction. Ce qui est fabuleux avec ce mot c’est qu’il ne peut porter à confusion, car épelé à l’envers, il veut encore dire la même chose!

     Maintenant que le mot est défini, pouvez-vous m’expliquer pourquoi je le répète aussi souvent sans réussir à me faire entendre? Non mon amour, tu ne peux pas faire pipi debout, tu es une fille. Non Maxime laisse la vaisselle sale dans le lave-vaisselle. Non Alexandre, tu ne peux pas apporter ta DS à l’école pour la récréation. Non les amours, on ne joue pas dehors quand il pleut et qu’il vente à écorner les bœufs. Non, je ne vous servirai pas de biscuit si vous ne mangez pas d’abord un fruit. Non, nous n’irons pas au cinéma demain. Non je ne veux pas que vous sautiez sur le divan, je ne veux pas que vous couriez dans la cuisine pendant que je fais le souper et non je ne veux pas que vous écoutiez la télévision toute la journée!!!! Non, non, non, NONNNNNNN!!

     Contrairement au oui, le non remporte facilement la palme en ce qui concerne la représentativité dans la maison. Je dis non pour éviter les accidents, pour faire de la discipline, pour éviter le bordel! Je dis non parce que ça ne peut pas toujours être oui!

     Hier soir, j’ai demandé à ma fille de venir me rejoindre dans la salle de bain afin de terminer sa toilette. Les cheveux encore humides, je lui demande si elle désire que je lui fasse une belle tresse française avant son dodo. Elle me répond non. J’insiste en lui expliquant que demain matin ses cheveux seraient pleins de vagues, comme ceux d’une princesse. Elle me dit non. Je continue en lui expliquant que quand j’étais petite, ma mère me faisait couper les cheveux courts comme ceux des garçons parce que je refusais de me laisser coiffer. Je lui demande donc, encore, si elle veut une tresse française. Elle me regarde, les yeux pleins d’eau, pour ensuite baisser la tête. Sa lèvre tremble.

     Surprise, je me mets à genou près d’elle et je lui demande pourquoi elle pleure. Elle me répond qu’elle avait dit non, qu’elle ne voulait pas de tresse et qu’elle préfère les queues de cheval avant le dodo. Elle ajoute qu’elle ne veut pas que je sois fâchée alors que je peux lui faire une tresse si je veux.

     C’est à ce moment précis où j’ai ressenti l’envie atroce de m’étouffer moi-même! Je répète sans arrêt à mes enfants que lorsque je dis non, c’est non et voilà que je me surprends à faire exactement le contraire de ce que je leur demande! Je leurs demande de respecter les consignes et leurs parents, mais quand est-il lorsqu'il s’agit pour nous de respecter leurs besoins? Finis les beaux principes! 

     Et bien voilà! Je ne suis pas fière de moi. Je prends donc la décision d’essayer de substituer quelques non pour des oui – ou des peut-être/on verra — et je m’engage à respecter mes enfants lorsqu’ils diront non à leur tour… Parce que toute leur vie, je veux qu’ils se souviennent que NON, c’est NON. Peu importe l’âge qu’ils auront et le contexte dans lequel ils se trouveront. Et même si parfois il est difficile de le faire entendre, on a le droit d’être respecté dans notre refus.


 **Prière de ne pas laisser lire ce texte à mes enfants dans quelques années lorsque je leur demanderai de faire leurs tâches ménagères :-)

Consultation justifiée

      Vendredi après-midi. Alexandre revient de l’école. Il m’avise qu’il y a un message dans son sac pour moi. Tout de suite, je le regarde et lui demande ce qu’il a fait. Il baisse les yeux et répond qu’il n’a rien fait, que ce n’est pas de sa faute…

      En arrivant à la maison, j’ouvre son sac à dos, prête à lire quelque chose de scandaleux. Une note d’une page, rédigée par l’enseignante, m’explique qu’Alexandre s’est plaint toute la journée… d’avoir mal dans le thorax!
      Je regarde mon fils et lui demande pourquoi il ne me l’a pas dit avant que je lise la note. Il ne sait pas. Il baisse les yeux. Je lui fais relever la tête en plaçant mon index sous son menton et je lui demande de me regarder. Je remarque ses yeux cernés, son teint plus pâle et sa main droite placée sur son cœur. Il m’explique qu’il n’ose pas respirer fort, ni tousser par crainte de la douleur. Il n’a pas réussi à faire son cours d’éducation physique, c’était trop difficile.
      Je vérifie sa température : 38.8. Je soulève son chandail. Son abdomen creuse légèrement à chaque inspiration, mais rien d’alarmant. Il tousse beaucoup depuis quelques semaines, mais son état ne semble pas s’être détérioré… mis à part pour la nouvelle douleur apparue aujourd’hui. Et c’est là que mes pensées ont commencé à s’embrouiller…

      Considérant le fait que notre fils venait de terminer 10 jours d’antibiotiques pour une bronchite-sinusite et qu’il recommençait à faire de la fièvre, je me suis demandé ce que j’allais bien faire : consulter ce soir, attendre demain ou laisser les choses aller pour voir si son état changerait dans les prochains jours. Ambivalente que je suis… j’ai consulté une amie inhalothérapeute qui m’a expliqué bien des choses… que je savais déjà. Je savais bien que mon fils pouvait ne pas avoir répondu au premier traitement d’antibiotique… je savais qu’il pouvait se détériorer dans les prochaines heures… je savais aussi que j’avais des motifs très pertinents de consultation. Mais je ne voulais pas y aller…
      Je ne voulais pas aller à l’hôpital pour passer 12 heures dans la salle d’attente, entourée par d’autres gens malades. J’avais ma semaine dans le corps et je savais que l’urgence où je me dirigeais serait bondée. Je savais que mon fils devait voir un médecin rapidement, mais je ne savais pas si l’achalandage et le manque de personnel annihileraient cela. Malgré tout, nous sommes allés.
      L’urgence était pleine à craquer. Alexandre, le visage caché contre ma hanche, me supplie de faire demi-tour. Il n’aime pas être là. Comble du malheur, un homme d’une trentaine d’années commence à crier après l’infirmière du triage prétextant que sa mère attend depuis plus de 30 minutes pour être évalué. Il beugle que si ça continue, il sortira avec sa mère, la traversera de l’autre côté de la rue et appellera une ambulance. Hors de lui, il fait les cent pas devant le bureau du triage.
      Alexandre tremble devant la scène. Il m’implore de partir. Il me dit qu’il ne veut pas mourir. Je m’accroupis devant lui et tente de le rassurer. Son cœur bat la chamade. Son front est chaud. Ses yeux sont vitreux. Il semble aller moins bien que lorsque nous étions à la maison…
      Trente minutes après notre arrivée, Alexandre est évalué par l’infirmière du triage. Son cœur bat encore plus vite, sa fièvre semble encore plus forte et ses jambes encore plus molles. Sa respiration est plus difficile. Il est tout de suite dirigé vers une cabine d’évaluation pour voir le médecin.
      Deux heures plus tard, il est admis à l’hôpital. Le médecin m’explique qu’il fait peut-être une pneumonie et qu’elle ne le trouve pas assez bien pour le laisser partir. Des antibiotiques sont administrés après les prélèvements sanguins et la radiographie pulmonaire.
      Le plus beau dans cette histoire : Alexandre a été traité de façon extraordinaire par le médecin et les infirmières. Vous imaginez bien que j’ai pris la peine d’aviser le personnel des différents diagnostics d’Alexandre, m’attendant à ce que ce soit la catastrophe pour faire les examens. Mais tout s’est bien passé.
       L’infirmière, d’un calme olympien, n’est pas tombée dans la menace. Le médecin a pris son temps pour examiner mon fils. Elle n’a pas haussé le ton, elle n’a pas levé les yeux, elle a pris le temps de le rassurer et de lui expliquer chaque chose. Alexandre a bien collaboré.

      Alors malgré une salle d’attente pleine, des clients difficiles et une charge de travail gigantesque, le travail du personnel de l’urgence de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont a été impeccable. Ils ont tenu compte des recommandations que je leur avais faites pour faciliter les examens et ont gardé leur calme en tout temps. Je leur en suis très reconnaissante.
      Ce soir-là, j’ai hésité à consulter. J’ai eu peur qu’on ne prenne pas les symptômes de mon fils au sérieux et que l’abondance de gens présents augmente les délais d’intervention. J’ai eu tort.
      Au final, Alexandre n’a fait qu’un virus. Il s’en tire sans antibiotique et se porte bien. Il n’a pas été traumatisé par son expérience à l’urgence, et ça, c’est la plus belle chose que le personnel de l’hôpital a pu m’offrir cette journée-là!