mercredi 26 octobre 2011

Frustration

                Nous sommes en thérapie. Un groupe composé de parent d’enfant comme le nôtre et animé de façon très dynamique par une psychologue et une travailleuse sociale. Nous avons accepté de participer à ce groupe afin d’avoir en main plus d’outils, plus de connaissances sur le TDAH et les troubles anxieux. Nous avons ressenti le besoin d’être épaulé comme parents, mais aussi comme individu et comme couple.

                D’un côté, les parents discutent, partagent, apprennent des uns et des autres. Les inquiétudes y sont exposées sans censure et sans crainte d’être jugé. Souvent, des larmes sont versées. Sans nous connaître, nous avons tous une chose fondamentale en commun : le désir de trouver des solutions et d’aider nos enfants dans leur quotidien. J’y ai rencontré des mamans et un papa comme nous. Des parents aimants, souvent pris au dépourvu devant leur enfant de 6 ou 7 ans, et ne souhaitant qu’une chose : sortir de l’enfer qu’ils vivent depuis souvent plusieurs années

                De l’autre côté, nos enfants sont en ateliers. Jeux libres, jeux dirigés, collation, bricolage, motricité fine et motricité globale y sont explorés. Alors que je croyais que tout cela serait anodin, mon fils lui, ne partage pas mon opinion. Dans ce groupe, notre enfant y apprend quelque chose de très difficile : la tolérance à la frustration. Il est exposé à des choses auxquelles il a beaucoup de difficulté à faire face : attendre son tour, garder le silence, respecter les règles du jeu, faire ce qu’on lui demande même si l’intérêt n’y est pas. On le place aussi volontairement dans des situations de frustration : on change les règles du jeu sans prévenir, on lui fait sauter son tour sans raison, on l’oblige à se contrôler devant des situations qui le mettent normalement hors de lui.

                Cette semaine, mon grand a trouvé sa session difficile. Il n’a pas aimé les jeux, n’a pas aimé devoir retrouver son calme avant de pouvoir venir nous rejoindre et n’a pas aimé être mis en situation d’échec devant un jeu difficile dont il n’a pas saisi les subtilités. Je n’ai donc pas été surprise de recevoir un appel de l’école en milieu d’après-midi, me demandant de venir chercher mon fils parce qu’il était hors de lui et n’arrivait plus à se contrôler. Je suis allée le chercher, je l’ai serré dans mes bras et je l’ai ramené à la maison. Dans la voiture, il m’a dit ceci : « J’ai trouvé ça difficile aujourd’hui Maman. C’est comme si ma colère de ce matin n’était pas partie, comme si les efforts que je fais depuis pleins de jours ne servaient à rien. »

                J’ai donc expliqué à mon grand, devant un grand verre de jus et des petits poissons au fromage, qu’il y en avait des journées comme ça! Qu'il m’arrivait à moi aussi de me lever du mauvais pied, de juste avoir envie de rester caché dans mon lit et de bougonner.

J’ai pris son agenda et j’ai compté avec lui le nombre de journées « vertes » : dix-huit. Dix-huit journées sans crise, sans colère, sans perte de contrôle, sans appel de l’école pour que j’aille le chercher. Je lui ai rappelé que lorsqu’il aurait 30 cercles verts, il aurait droit à un privilège, comme les autres élèves de sa classe.

Le lendemain : pas d’appel, pas de crise, un cercle vert.
                                                             

3 commentaires:

  1. je suis tellement contente que tu partages ceci avec nous...tu m'inspires...Tu es une maman fantastique....chapeau!
    XXXXX

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  2. Merci! L'important dans tout ça c'est de garder courage et de se rappeler que notre enfant a besoin de nous... Tous les jours! :-)

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  3. Super! Comme j'aime te lire, me reconnaître tout en découvrant un autre angle.

    Merci et bravo Fiston!

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