mardi 25 octobre 2011

Maman Lionne

Enceinte, on a fait les cours prénataux, on a acheté un (parfois deux) guide qui nous permettrait de suivre notre grossesse. On n’a pas mangé de sushi, pas bu de whisky, évité les fromages crus et cessé de se pencher pour ramasser nos clés.
Ensuite, on les a mis au monde, on les a allaités le plus longtemps possible, fréquenté les haltes allaitements, suivi assidument leur courbe de croissance, lu tous les Protégez-vous et feuilleté le Mieux Vivre toutes les 48 heures. Tout ça, pour faire le moins d’erreurs de débutante.
Lorsque le congé de maternité fût terminé, on s’est tordu le cœur à laisser notre trésor en garderie pour retourner travailler. On ne parlait plus que de ce petit être qui avait moins d’ancienneté dans notre vie que bien des collègues et amis.
Plus tard, on s’est habitué. On les a regardés grandir, se développer et acquérir plus d’autonomie. Ils ont ensuite pris le chemin de l’école, avec sur le dos des sacs qui faisaient souvent le double de leur poids et de leur largeur.
Pour certains, tout s’est bien passé. Les apprentissages se sont faits sans heurt, sans esclandre. Pour d'autres, ça aura été différent. Ça aura pris plus de temps, plus d’intervenants, plus d’encadrement. Ça aura pris des parents présents, collaborant et à l’affût des signes présentés par leur enfant. Ça aura pris des parents qui ont accepté l’aide offerte, tout en restant critique face aux professionnels qui savent tous mieux les uns que les autres ce qui peut convenir à leur enfant.
Alors que certains me reprochent de monter aux barricades, de parler fort et de continuellement mettre mon nez là où il serait préférable que je ne le mette pas. Alors que derrière moi, certains chuchotent le nom de mon enfant en me pointant du doigt sans jamais avoir le courage -ou l’audace- de venir me dire de vive voix les sornettes qui leurs passent par la tête. Pendant que tout un chacun se mêle de ses affaires, ne se sentant jamais concerné par ce qui se passe autour de leur enfant, comptant secrètement sur des mères comme moi pour faire changer les choses… Pendant tout ça, moi, je réclame, j’exige et j’insiste.
Je réclame des explications chaque fois où je le juge nécessaire. Je fais les coups de fil qui s’imposent si les réponses ne me satisfont pas. J’exige pour mon fils le droit à des interventions justes et surtout justifiées. J’insiste pour que tout cela se fasse rapidement. Je n’accepte pas les excuses, je refuse les délais d'attente et je harcèle pour des résultats.
Chaque journée qui se passe bien pour mon grand, je remercie le ciel. Je dis merci simplement parce que chaque journée sans crise, sans hargne, sans propos suicidaires, sans perte de contrôle est une journée où mon fils apprend. C’est une journée où il gagne de la confiance en lui, où il est attentif aux autres, où il se sent normal. Parce que quand les journées se passent mal, notre grand a peur. Il pense que tous ses efforts ne servent à rien, que son écart de comportement vient d’anéantir les 28 journées « vertes » de son agenda.
Jamais les cours prénataux ou les guides pour parents ne m'ont avertie que ce serait parfois tellement difficile que je voudrais résilier le contrat qui me lie à mon enfant. Et jamais ne m'ont-ils avertie que mon enfant ferait de moi un meilleur être humain en me donnant le courage de me battre, par amour, contre l’ignorance et les préjugés. Que cet enfant me pousserait à toujours vouloir faire mieux, malgré le manque de ressources. Qu'il saurait faire sortir le meilleur de moi beaucoup plus souvent que le pire.
Je suis une maman lionne. Je protégerai mon enfant chaque fois où je devrai le faire et chaque fois où je jugerai qu’il a été lésé dans son droit à être ce qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses. Je l’accompagnerai jour après jour, non pas pour le surprotéger, mais parce que je connais sa fragilité.
Comme une maman lionne, je partirai à la chasse pour le nourrir, je défendrai mon territoire et le sien. Et tenez-vous-le pour dit : je sortirai les griffes et je montrerai les dents à quiconque osera nuire à son développement.
                 lionne_lionceau

4 commentaires:

  1. Je ne sais pas si tu es comme moi, mais j'aurais tellement envie d'une période, même toute petite, où je pourrais simplement me laisser porter par les événements au lieu de toujours avoir le sentiment de nager à contre-courant.
    Ne lâche pas, surtout pas. Et courage!

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  2. En effet! Parfois, je rêve d'une vie où je mènerais moins de combats au quotidien... Mais l'idée qu'une autre devrait les mener ne me console pas... Alors comme toi, je garde la tête haute, je retrousse mes manches, je serre les poings et j'avance!
    Gardes courage aussi! On y arrivera! x x x

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  3. Les mamans d'enfants "différents" sont toutes particulièrement des mamans-lionnes... ;)

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