lundi 17 octobre 2011

Consultation justifiée

      Vendredi après-midi. Alexandre revient de l’école. Il m’avise qu’il y a un message dans son sac pour moi. Tout de suite, je le regarde et lui demande ce qu’il a fait. Il baisse les yeux et répond qu’il n’a rien fait, que ce n’est pas de sa faute…

      En arrivant à la maison, j’ouvre son sac à dos, prête à lire quelque chose de scandaleux. Une note d’une page, rédigée par l’enseignante, m’explique qu’Alexandre s’est plaint toute la journée… d’avoir mal dans le thorax!
      Je regarde mon fils et lui demande pourquoi il ne me l’a pas dit avant que je lise la note. Il ne sait pas. Il baisse les yeux. Je lui fais relever la tête en plaçant mon index sous son menton et je lui demande de me regarder. Je remarque ses yeux cernés, son teint plus pâle et sa main droite placée sur son cœur. Il m’explique qu’il n’ose pas respirer fort, ni tousser par crainte de la douleur. Il n’a pas réussi à faire son cours d’éducation physique, c’était trop difficile.
      Je vérifie sa température : 38.8. Je soulève son chandail. Son abdomen creuse légèrement à chaque inspiration, mais rien d’alarmant. Il tousse beaucoup depuis quelques semaines, mais son état ne semble pas s’être détérioré… mis à part pour la nouvelle douleur apparue aujourd’hui. Et c’est là que mes pensées ont commencé à s’embrouiller…

      Considérant le fait que notre fils venait de terminer 10 jours d’antibiotiques pour une bronchite-sinusite et qu’il recommençait à faire de la fièvre, je me suis demandé ce que j’allais bien faire : consulter ce soir, attendre demain ou laisser les choses aller pour voir si son état changerait dans les prochains jours. Ambivalente que je suis… j’ai consulté une amie inhalothérapeute qui m’a expliqué bien des choses… que je savais déjà. Je savais bien que mon fils pouvait ne pas avoir répondu au premier traitement d’antibiotique… je savais qu’il pouvait se détériorer dans les prochaines heures… je savais aussi que j’avais des motifs très pertinents de consultation. Mais je ne voulais pas y aller…
      Je ne voulais pas aller à l’hôpital pour passer 12 heures dans la salle d’attente, entourée par d’autres gens malades. J’avais ma semaine dans le corps et je savais que l’urgence où je me dirigeais serait bondée. Je savais que mon fils devait voir un médecin rapidement, mais je ne savais pas si l’achalandage et le manque de personnel annihileraient cela. Malgré tout, nous sommes allés.
      L’urgence était pleine à craquer. Alexandre, le visage caché contre ma hanche, me supplie de faire demi-tour. Il n’aime pas être là. Comble du malheur, un homme d’une trentaine d’années commence à crier après l’infirmière du triage prétextant que sa mère attend depuis plus de 30 minutes pour être évalué. Il beugle que si ça continue, il sortira avec sa mère, la traversera de l’autre côté de la rue et appellera une ambulance. Hors de lui, il fait les cent pas devant le bureau du triage.
      Alexandre tremble devant la scène. Il m’implore de partir. Il me dit qu’il ne veut pas mourir. Je m’accroupis devant lui et tente de le rassurer. Son cœur bat la chamade. Son front est chaud. Ses yeux sont vitreux. Il semble aller moins bien que lorsque nous étions à la maison…
      Trente minutes après notre arrivée, Alexandre est évalué par l’infirmière du triage. Son cœur bat encore plus vite, sa fièvre semble encore plus forte et ses jambes encore plus molles. Sa respiration est plus difficile. Il est tout de suite dirigé vers une cabine d’évaluation pour voir le médecin.
      Deux heures plus tard, il est admis à l’hôpital. Le médecin m’explique qu’il fait peut-être une pneumonie et qu’elle ne le trouve pas assez bien pour le laisser partir. Des antibiotiques sont administrés après les prélèvements sanguins et la radiographie pulmonaire.
      Le plus beau dans cette histoire : Alexandre a été traité de façon extraordinaire par le médecin et les infirmières. Vous imaginez bien que j’ai pris la peine d’aviser le personnel des différents diagnostics d’Alexandre, m’attendant à ce que ce soit la catastrophe pour faire les examens. Mais tout s’est bien passé.
       L’infirmière, d’un calme olympien, n’est pas tombée dans la menace. Le médecin a pris son temps pour examiner mon fils. Elle n’a pas haussé le ton, elle n’a pas levé les yeux, elle a pris le temps de le rassurer et de lui expliquer chaque chose. Alexandre a bien collaboré.

      Alors malgré une salle d’attente pleine, des clients difficiles et une charge de travail gigantesque, le travail du personnel de l’urgence de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont a été impeccable. Ils ont tenu compte des recommandations que je leur avais faites pour faciliter les examens et ont gardé leur calme en tout temps. Je leur en suis très reconnaissante.
      Ce soir-là, j’ai hésité à consulter. J’ai eu peur qu’on ne prenne pas les symptômes de mon fils au sérieux et que l’abondance de gens présents augmente les délais d’intervention. J’ai eu tort.
      Au final, Alexandre n’a fait qu’un virus. Il s’en tire sans antibiotique et se porte bien. Il n’a pas été traumatisé par son expérience à l’urgence, et ça, c’est la plus belle chose que le personnel de l’hôpital a pu m’offrir cette journée-là!

1 commentaire:

  1. Wow! Je viens de te découvrir et je me reconnais dans tes dire, tes craintes et tes réflexions.

    Je suis contente que cette visite fut plus "facile" que prévue et surtout, moins alarmante.

    Ça sonnait pneumonie, ouf!

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