lundi 29 août 2011

Copain-Copines

                Les vacances, ça donne le temps de réfléchir, le temps de faire le bilan de l’année qui vient de s’écoulée. Certains prennent des résolutions le premier janvier, se promettent de cesser de fumer, de perdre du poids, d’appeler plus souvent leurs parents…D’autres choisissent de ne prendre aucune résolution, sachant très bien qu’ils ne les tiendront pas. Pour ma part, le temps des bilans arrivent avec la saison estivale. Comme une enfant qui termine une année scolaire, je jette de vieux cahiers usés,  je relis  certaines notes et je classe des dossiers. Cette année, ce fût difficile. Début des classes pour mon grand, retour au travail après un troisième congé de maternité, changement d’emploi, décision financière ardue, problème de santé, difficulté conjugale…bref, la totale! Rétrospectivement, ce fût une année difficile….
                J’ai eu trente ans cette année. J’ai trois enfants en santé, un bon emploi, un conjoint qui m’aime et qui est un bon père pour mes enfants. J’ai un toit sur la tête, de la nourriture sur la table et la chance d’être bien entouré. 
                Quand j’étais adolescente, la qualité de mes amitiés m’importait peu. Je connaissais beaucoup de gens, je sortais beaucoup, le téléphone ne dérougissait jamais. Si j’avais eu un compte Facebook à 16 ou 17 ans….j’aurais sûrement fait sauter le serveur! Aujourd’hui, c’est bien différent.
                Aujourd’hui, je connais encore beaucoup de gens, le téléphone sonne encore beaucoup…mais maintenant, je sais qui sera au bout du fil!
                À mon amie Cyntia, je peux tout dire, sans crainte d’être jugée. Avec elle, les choses sont simples et les vérités bonnes à dire et à entendre. Avec elle, j’ai le droit d’être moi-même, sans censure. Elle sait qu’elle peut m’appeler quand elle a besoin d’un conseil santé ou d’une oreille pour entendre son découragement ou sa fatigue. Elle sait aussi que j’ai confiance en elle et que je lui laisse mes enfants sans inquiétude. Elle sait que je l’appelle tous les matins et tous les soirs…pour rien…pour tout. Elle sait aussi que je la consulte tout le temps…pour tout… pour rien. Elle sait que son opinion est importante et que l’importance que je lui accorde est directement proportionnelle à la confiance que je lui porte. Elle sait que j’aime ses enfants et son mari, qui est aussi mon ami. Elle est définitivement le premier doigt de ma main gauche…celui en ligne direct avec mon cœur.
                Mon amie Audrey est celle qui me rappelle que j’existe en dehors de ma famille. Avec elle, je prends du temps pour moi. Je sors au resto, je vais au Spa. Ensemble, ce n’est pas compliqué… J’admire son énergie, sa capacité à réussir à tout faire sans l’ombre d’un cerne! Elle est d’une patience déconcertante…je ne l’ai jamais vu fâchée. Elle a le don avec les enfants. Elle les occupe, elle les divertit, elle a tout plein d’idée génial pour qu’on puisse prendre un verre de vin sans devoir jouer au gendarme avec notre marmaille
Avec Betty, ma petite chinoise, j’ai droit à la vérité vraie. Pas de détour. Si mes raisonnements sont insensés, je le saurai. Elle est toujours disponibles pour m’écouter, toujours réceptives chaque fois que j’ai une bulle à faire éclater. Avec elle rien n’est tabou! J’en perds parfois mon latin mais qu’à cela ne tienne, j’apprécie chacune de nos conversations qui me sort de ma zone de confort.  Un tantinet hypochondriaque, je lui offre parfois mon support avec ce qu’elle appelle les « maladies »… elle dévergonde mes petites oreilles…ça mérite bien un petit conseil ;-)…
Avec Papy, rien de plus simple : je suis officiellement sur le point de créer un autel à son image dans une pièce de ma maison! Il est mon ami, simplement, sans complication. Cet homme sait tout! Il peut faire l’horaire de travail d’une centaine de personne,  rédiger un plan d’intervention en santé mentale visant la réinsertion complète des résidents desquels il prend soin, diriger une maison d’édition, reformater un ordinateur, teindre un « chalet », créer un bloggg…. Mais surtout, il répond à son iPhone chaque fois que j’ai besoin d’être sortie d’un délire anxieux sans fin. Il m’offre généreusement son aide chaque fois où j’en ai besoin. Sans jugement, sans attentes, sans me charger des tarifs exorbitants… ( et il corrigera sûrement ce texte avant sa publication).
Avec Roxanne j’ai le droit d’être inquiète : que ce soit pour la santé de mes enfants ou la mienne, pour mon avenir professionnel, pour mon absence de talent culinaire, pour mon incapacité à avoir confiance en ce que je suis… Chaque conversation avec elle me donne le sourire, m’aide à reprendre confiance en moi. Les discussions sont fluides, faciles. L’amitié est vrais, l’émotion sincère. Je la porte en mon cœur comme une pierre précieuse.
Avec Nancy : PARTY! Le vin, les conversations, le plaisirs. Elle est drôle, spontanée, vive d’esprit. Elle me ramène sur terre, se moque gentiment de mes insécurités, de mes angoisses, de mes questionnements. Elle sait que même si je ne l’appelle pas, je ne l’oublie pas. Elle sait que l’amitié n’a pas besoin d’être compliquée. Elle sait que je l’aime…elle le savait même sans ce texte…
Les filles (et le gars!), si je ne vous avais pas, ma vie ne serait pas aussi complète. Ma vie serait sans odeur, sans couleur et clairement sans saveur.
À toutes les autres que j’oublie, que je ne nomme pas. À celles qui sont là un peu, beaucoup ou passionnément. À celle que je ne vois presque pas, à qui je ne parle pratiquement jamais…je ne vous oublie pas. Nous savons toutes que les médias sociaux nous permettent maintenant de partager notre amitié sans devoir gérer de conflits d’horaires…À toutes celles-là…que diriez-vous qu’enfin on se revoit?

Palpez ce sein que je ne saurais voir....

Mon amie,
                Je me souviens encore de la première fois où nous nous sommes rencontrées…   Dans la salle des employés de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Assise, calme, tu nous racontais ta triste expérience d’une grossesse interrompue.  Sereine, tu exprimais ta peine les yeux pleins d’espoir que ce ne soit que partie remise. Ce jour-là, j’ai su que tu serais mon amie.
                Tu as les yeux d’un bleu clair et limpide. Ta voix est d’une douceur qui rendrait jalouse les plus belles sirènes.  Toujours prête à aider, toujours disponible pour écouter. Tu m’as si souvent réconforté que les mots me manquent quand vient le temps de te montrer ma reconnaissance. Tu as été là quand ma fille était malade, quand je m’inquiétais sans raison pour une fièvre qui s’élevait un peu trop et tu m’as conseillée chaque fois que j’ai eu besoin de toi. C’est grâce à toi que je sais maintenant que la purée de carotte sert à épaissir une sauce à spaghetti…. C’est grâce à toi que j’ai eu le courage de changer d’emploi…. C’est grâce à toi que bien des fois, j’ai repris confiance en moi.
                Tu as 27 ans, deux belles petites filles en santé, un conjoint présent, un emploi que tu aimes. Tu inspires ceux qui t’entourent à donner le meilleur d’eux-mêmes.
                Aujourd’hui, tu m’as appris que tu es atteinte d’un cancer du sein. Aujourd’hui, je t’ai entendue pleurer pour la première fois. J’ai senti mes jambes fléchirent. J’ai senti mon cœur faiblir. Aujourd’hui, tu m’as appris que tu es atteinte d’un cancer du sein. Je n’ai pas su quoi dire. Je ne voulais pas mentir. Aujourd’hui je t’ai entendu me dire que tu es atteinte d’un cancer du sein…. Je t’ai écoutée m’expliquée qu’il est normal que je sois sous le choc, que chacune des personnes que tu as contactées l’a été. Tu m’as expliqué que j’y penserais beaucoup pour les prochains jours…que je trouverais cela injuste…que je serais triste. Aujourd’hui, tu m’as consolée parce que tu es atteinte d’un cancer du sein…
                Aujourd’hui, je t’ai écoutée m’expliquer que tu avais besoin de le dire. Que tu savais que tu devais prendre les choses une à la fois. Que tu désirais en savoir plus sur ce qui t’attendais, mais sans tout savoir. Que le plus difficile dans tout ça, c’est la tristesse de savoir que tes filles te verront malade. Que le plus triste dans tout ça, c’est qu’en 2011, une personne sur trois aura un cancer, et que la première chose que l’on se demande est : est-ce que ce sera moi? Aujourd’hui, je t’ai entendue pleurée… Aujourd’hui je n’ai pas été soulagée de ne pas être dans tes souliers. Mon amie aujourd’hui, j’aurais voulu te dire que je ne voulais pas que ce soit toi….la personne sur trois. Aujourd’hui, j’aurais voulu te dire que je te fais la promesse d’être là, à chacun de tes pas, à chaque fois où tu auras besoin de moi. Je te fais la promesse de t’envoyer chaque parcelle de mes pensées pour t’aider à surmonter la maladie et à faire face à chaque jour qui viendra.
                Aujourd’hui, tu m’as appris que tu as un cancer du sein. Aujourd’hui, j’ai appris que tu mènerais le plus grand combat de ta vie. Aujourd’hui, j’ai pleurée avec toi mon amie. Demain, je me battrai avec toi si tu le veux bien….
                Demain, je ferai connaître une partie de ton histoire pour que d’autres femmes sachent que le cancer du sein est réel, qu’il n’a pas de préférence pour les blondes ou les brunes, qu’il n’a rien à faire de l’âge, de la beauté ou de l’intelligence. Pour que les femmes sachent que personne n’est à l’abri de cette maladie.
                Aujourd’hui, demain et pour toute la durée de ton combat…je serai là. Tu peux compter sur moi!
                Je t’aime mon amie.

dimanche 28 août 2011

Info-Santé

J'arrive au boulot. J'ouvre mon ordinateur, je règle la hauteur de ma chaise et de mon clavier et je me connecte au réseau téléphonique... Je suis prêtes. J'actionne ma lige.  "Bonjour Info-Santé. Mon nom est Michelle Marcoux, infirmière. Comment puis-je vous aider?..."
    
Je répèterai cette phrase en moyenne 22 à 25 fois par quart de travail. À chaque appel un nouveau sujet, un nouveau client, de nouveaux symptômes, de nouvelles inquiétudes.  En l'espace d'une journée, j'aiderai une femme enceinte à soulager ses nausées de grossesse, je rassurerai une nouvelle mère qui ne sait plus où donner de la tête avec l'allaitement, j'offrirai des ressources à un nouvel arrivant, j'aiderai une adolescente au prise avec une grossesse non désirée et j'explirai la procédure d'hydratation à une mère dont les 3 enfants vomissent. Il m'arrivera aussi d'aider un homme ou une femme en détresse, sur le point de commettre l'irréparable, à aller chercher des ressources afin de reprendre sa vie en main. Je rassurerai peut-être aussi la conjointe épuisée d'un homme en phase terminale  devenu confus et qui refuse de prendre sa médication malgré des signes apparent de souffrance physique.
    
Je donnerai des conseils sur le soulagement de la douleur, sur le traitement de la fièvre, sur les saines habitudes de vies. Je ferai de l'enseignement sur la pilule contraceptive, sur le diabète, sur la diète sans gluten, sur les allergies saisonnière, sur le sevrage de l'allaitement maternel, sur le soulagement de la congestion nasal et sur les effets secondaires possibles de certains médicaments. Parfois, j'aiderai un client connu du CLSC à irriguer sa sonde, à changer sa collerette de colostomie ou  à s'auto-administrer un antibiotique intra-veineux.
    
À chacun des appels, je ferai une évaluation des symptômes décrits par l'appelant. Je baserai mon enseignement et mes recommandations sur ce que le client me dira. Parfois, malgré toute ma bonne volonté, je n'arriverai pas à résoudre le problème, je n'aurai pas de conseils efficaces, je ne saurai pas orienter le client ailleurs que vers le bureau du médecin.
   
Au Québec, les gens sont laissés à eux-même. Les nouvelles mères n'ont personne vers qui se tourner, personne à qui demander conseils. Les personnes âgées sont seules, avec une dosette tellement pleine qu'on y repère facilement toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Les adolescents sont laissés à eux-mêmes, devant leurs écrans d'ordinateurs, souvent privés de contact humain. Les enfants sont vaccinés contre bien des maladies, mais plusieurs sont mal nourris ou emboucanés par la fumée secondaire.
    
Pour certains, mon travail semble simpliste:  je ne fais qu'envoyer tout mes appelants à l'urgence. Pour d'autre, je suis une soure d'information, je suis une solution, je suis rassurante.... et je prends le temps. Il est clair que ne suis pas heureuse lorsque je dois conseiller à une mère de consutler de façon urgente pour de la fièvre avec une détérioration de l'état général chez le jeune enfant. Je ne suis pas plus heureuse lorsque les clients, à qui je conseille de demeurer à la maison, me disent clairement qu'ils sont trop inquiets et qu'ils préfèrent se rendre illico à l'urgence la plus près.
    
À tous ceux qui considère mon travail comme un service bas de gamme, dépourvus de démarche scientifique, je vous répond ceci: à chaque appel, je dois prendre une décision suite à  l'évaluation d'un tableau clinique décris par une personne inquiète, souvent dépourvus de connaissances médicales, et qui répond parfois de façon nébuleuse à ma collecte de donnée. Je suis à la mercie des banalisations et des exagérations, de l'anxiété et de la nonchalence. Et au bout du compte, je dois faire abstraction des délais d'attentes dans les urgences, des difficulté à consutler en sans rendez-vous les fins-de-semaines et de la pénurie de médecin qui s'aggrave au Québec.
    
À toutes les professionnels du réseau de la santé,  qui croient fermement que le service Info-Santé est dépourvu de sens, je vous dit ceci: les protocoles, élaborés par des professionnels de la santé et révisés régulièrement, me permettent de guider mes interventions et d'orienter ma décision. Par contre, j'utilise aussi mon jugement. Je  m'assure donc avant toute chose que mon questionnaires est complet et que mon analyse est juste. Je consulte régulièrement mes collègues qui, par leur expérience, peuvent amener un éclairage différents sur la problématique évaluée.
   
 Alors mettons les choses au clair. J'en ai  assez des commentaires désagréables au sujet du service Info-Santé. Avant de juger mon travail, dites vous que je travaille selon une démarche systémique d'évaluation qui a pour but de conseiller les gens et, idéalement, de les maintenir à domicile le plus longtemps possible. Comme tous les autres êtres humains, les infirmières d'info-santé font de leur mieux, selon leurs connaissances et en utilisant les protocoles mis en place. Et dites vous que si vous avez déjà rencontrer une infirmière ou un médecin incompétents dans les hôpitaux, vous pourrez en trouver à Info-santé.. Quand ceux et celles qui nous critiquent ouvertement auront l'initiative de venir passer 8 heures dans mes souliers...alors là...on pourra vraiment discuter! Parce que moi...j'ai déjà passée 8 heures dans les leurs!

jeudi 25 août 2011

RECHERCHÉ

            À chaque saison, je les cherche. Chaque fois que j’ouvre un tiroir trop plein, je suis pleine d’espoir d’enfin les trouver. Avant de jeter un vieux sac ou une vieille boîte, je m’assure qu’ils ne seraient pas au fond, attendant que je les retrouve.  Vous savez, je crois bien que j’ai commencé à les chercher en 2005. Au départ je n’en cherchais qu’un, en 2008 je me suis mise à en chercher deux et  depuis 2010, j’en cherche officiellement trois.
            Habituellement, ils viennent en trois langues. On y trouve la description du produit, sa marque de commerce, ses composantes…. Et surtout son mode d’utilisation. Il en existe pour tout! Du fer plat, au cellulaire, de la bouilloire en stainless au grille-pain à deux tranches. Il en existe pour les voitures, les bateaux, les camions, même pour les tampons!
Moi qui suis si organisée, je n’arrive pas à croire qu’ils sont introuvables. Chaque fois que j’en ai un nouveau je le mets en lieu sûr.  J’ai encore celui de mon premier téléphone cellulaire, de mon frigo, de ma poussette, de mon premier Bluetooth -égaré il y a longtemps sur le bord de l’autoroute 13... Je les ai tous, mais pas ces trois-là! Ils ne sont ni dans un de mes tiroirs, ni dans le fond d’un vieux  sac, ni dans ma voiture, ni dans mon garage.  En fait, je ne les ai jamais vus en vrai.  Je suppose, ou plutôt j’espère sincèrement leur existence.  Si Tupperware offre une garantie à vie sur leurs produits, avec une valeur de remplacement sans dépréciation, il serait inconcevable que les trois miens  ne le soient pas aussi!
Je crois bien que je devrai me résigner… on me les a sûrement volé! À moins que je ne les aie perdus…. avant même d’avoir mis la main dessus!  Bah! Dans l’fond, on s’en fiche. Si je les cherche depuis 5 ans, et que je me débrouille quand même sans…c’est sans doute parce que ce n’est pas si compliqué.  Et si ma grand-mère et ma mère ont, elles aussi,  su se débrouiller sans, c’est certainement parce que même si la technologie progresse à la vitesse de l’éclair…certaine chose reste les mêmes.
Alors à vous toutes qui, comme moi, chercher parfois – ou plutôt souvent- le mode d’emploi de vos enfants, cesser votre quête et faites-vous confiance.  Parce qu’il n’y a rien de plus frustrant qu’un manuel d’utilisation traduit de l’anglais au français qui vous oblige à recommencer, du début, tout le travail mal accompli dès le départ! ;-)

dimanche 21 août 2011

RESPIRES!!!!!



     Quelques instants et nous saurons… Nous saurons qui, de ton père ou moi, avait raison. Comme tous parents, le simple fait de savoir que tu as tous tes morceaux nous comble déjà de joie. Nous avons déjà pu voir tes petits pieds et tes petites mains. Nous avons repéré, avec l’aide de la technologue, tes reins et ton estomac. Nous savons que tout semble bien se passer pour toi. Maintenant que ces détails sont réglés, nous attendons avec impatience le verdict : fille ou garçon?
     J’ai le cœur qui débat. J’ai la vessie sur le point de rupture… Les yeux tellement ouverts et le cou tellement étirés vers l’écran qu’on dirait que j’essaie de me foutre en bas de la table d’examen! J’ai beau regarder, ce que je vois ne me confirme ou ne m’infirme pas ton genre! C’est épuisant de ne pas savoir….
     Le radiologiste arrive enfin. Il recommence l’examen! Un peu de gel, vire à gauche, vire à droite, la colonne, l’estomac, les reins, mesure du fémur, mesure du périmètre crânien, localise le placenta… Château que c’est long! M’explique que mon bébé sera énorme (rien d’étonnant si on considère que je souffre de diabète de type I), m’explique que je devrai recommencer l’échographie à 32 semaines pour évaluer la croissance de mon bébé… blablabla!!!!! Et enfin… Félicitations! Ce sera une fille!!!!
     La conjonctive jaunie d’avoir engloutie 40 oz d’eau il y a plus de deux heures, je pleure de joie! Enfin, j’aurai une fille! Une petite princesse! Une belle ballerine! Une grande championne! Mon conjoint est ému, il ne touche plus le sol. La première fille de la famille. La première petite-fille de mes beaux-parents. La première petite sœur de mon grand garçon!
     Le choc passé, je m’imagine déjà dans les magasins à la recherche de tous les vêtements roses, de toutes les peluches roses, de tous les doudous roses… Je ne sais pas comment tu t’appelleras, ni à quoi tu ressembleras, mais je sais que tu es attendue et que tu seras choyée!
     Tu as pointé ton nez le 9 février 2008. Tu as l’air d’un bébé inuit! Les cheveux noirs, les yeux noirs, le teint basané. Tu es magnifique, calme… parfaite. Collée contre mon cœur, je te chante les louanges de ton arrivée. Ma petite fille, ma belle Anne-Sophie. J’élabore déjà dans ma tête nos sorties de magasinage, nos discussions de filles, nos soirées pyjamas… Tu es encore petite, mais ne t’inquiètes pas, toi et moi, on en aura des choses à se raconter.
     À ta sortie de l’hôpital, ton grand frère est malade. Il fait une pneumonie. Il tousse, peine à respirer tellement il est congestionné et fait beaucoup de fièvre. Comme il t’aime beaucoup, il est constamment près de toi. Il fait attention pour ne pas te contaminer, mais malheureusement tu contractes son rhume… À ta 13e journée de vie, je dois constamment t’aider à libérer ton nez de toutes ces sécrétions verdâtres qui t’empêchent de boire et respirer. Je commence à être inquiète.
      À ton 14e jour de vie, je sors magasiner avec ton frère et toi. À notre retour, tu refuses de boire. Je m’inquiète… mais je ne vois rien. Je suis infirmière, si tu avais été le bébé d’une amie, j’aurais sûrement remarqué que tu peines à respirer, que tu présentes un battement des ailes du nez ainsi que du tirage. Mais je ne vois rien! Par chance, une amie est avec moi, elle te prend dans ses bras et me regarde d’un air grave. Elle me convainc de t’emmener à l’hôpital afin de m’assurer que tout va bien. Dieu merci je l’ai écouté.
      Après près d’une heure d’attente pour le triage, je reconnais une collègue infirmière de l’urgence à qui j’explique que tu sembles être en difficulté respiratoire. En 10 minutes, le médecin est auprès de toi et me confirme que ta respiration est laborieuse et que tu as certainement besoin d’un petit coup de pouce. L’inhalothérapeute arrive et aspire tout ce qui t’empêche de respirer. Ton père nous rejoint au même moment. Inquiet, il te prend dans ses bras et t’observe. Je fonds en larme dans les bras de mon amie qui n’a pas de mot pour me rassurer. Qui accueille mes larmes et ma culpabilité de n’avoir pas vu que tu n’allais pas bien, que tu ne respirais pas bien. Au même moment, ma vie bascule…
     Je me tourne vers toi. Tu es grise. Ton corps est mou. Tu sembles sans vie… Tu ne respires plus. L’infirmière près de toi voit la même chose que moi. Une panique s’installe rapidement. Je te prends des bras de ton père qui, confus, se lève et me suit… Je cours avec toi dans les bras vers la salle de réanimation. Je crie. Je suis hystérique. Tu es tellement molle que j’ai l’impression d’avoir une poupée de chiffon entre les doigts. Ma petite fille ne respire pas. Va savoir pourquoi, en entrant dans la salle de réanimation je te tape dans le dos, je te secoue presque. Je te crie de respirer! Anne-Sophie, RESPIRE!!!!!!!!!!!!!!!!
     La suite des évènements reste nébuleuse. Je ne sais pas qui était là, je ne me souviens même pas si ton père était auprès de moi. Je sais seulement que mon regard n’a jamais dévié : je n’avais d’yeux que pour toi. Ton petit corps flasque, ton teint grisâtre, tes petites mains bleutées… Le vide en moi était tellement grand et la douleur tellement vive que je ne sais même pas à quel moment tu as repris ton souffle. Je ne sais même pas à quel moment tu as recommencé à respirer.
     Mes souvenirs reviennent au moment où un infirmier me dit que je peux te prendre dans mes bras… où un infirmier me répète que je peux te prendre dans mes bras… où un infirmier s’approche et me dit de te prendre dans mes bras… Délicatement, je soulève ton petit corps et approche mon visage du tien. Tu as le visage presque entièrement couvert par un masque d’oxygène, ton petit bras est immobilisé par une petite planche qui dissimule la tubulure de ton soluté, ton torse nu est couvert d’électrode… mais enfin, tu respires!
     Tu séjourneras 10 jours aux soins intensifs pédiatriques de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Tu mettras 10 jours à reprendre du mieux et à finalement pouvoir respirer sans aide. En 10 jours, tu me prouveras ta force, ta vigueur, ta volonté. Un mauvais virus respiratoire t’aura permis de nous montrer ta ténacité et ton courage. Pendant ce temps, j’aurai sans aucun doute pleuré toutes les larmes de mon corps, toutes les larmes de mon cœur. J’ai tellement eu peur…
     Aujourd’hui, tu as une peau claire et satinée, les cheveux couleur or et les yeux couleur du ciel. Ta voix est claire, ton esprit est vif, tu es tout simplement magnifique! Comme toutes les petites filles de 3 ans, tu cours, tu chantes et tu danses. Tu adores faire du vélo, aller à la piscine, faire du patin et manger de la crème glacée. Tu fais la joie autour de toi par ton humour et ta capacité à t’émerveiller devant les choses simples. Tu es toujours heureuse, souriante et tu ne demandes jamais rien. Tu respectes les consignes, tu es raisonnable et tu es toujours au bon endroit au bon moment.
     À chaque jour qui passe, je remercie le ciel d’avoir eu une amie, près de moi, pour réaliser que tu n’allais pas bien, que tu ne respirais pas bien. Je remercie le ciel d’avoir écouté cette amie et de t’avoir conduit aux urgences pour que tu reçoives les soins dont tu avais tant besoin…
     Et chaque jour qui passe, je remercie le ciel que ton 14e jour de vie n’ai pas été le dernier.

  

mercredi 17 août 2011

Je vous pari un soutien-gorge!

           Les femmes de mon époque ont beaucoup de chance. Comme moi, elles ont grandies avec la promesse de devenir l'égal de l'homme. Grâce à nos mères, voir même parfois nos grands-mères, nous avons accès à l'université et avons le loisir d'exercer notre droit de vote. Nous avons aussi le pouvoir de mener des carrières professionnelles enrichissantes et variées ainsi que la possibilité de détenir des postes importants. Nous réclamons de nos conjoints leur collaboration aux tâches ménagères, d'être présent pour nos enfants, de connaître le nom du pédiatre, du dentiste et de la madame du service de garde de l'école du plus vieux.


Chaque matin, plusieurs d'entre nous orchestrons nos vies familiales autour d'un horaire impossible: déjeuner, vêtements, cheveux, dents, manteau, chapeau....auto! Chaque matin, plusieurs d'entre nous, le souffle court, n'avons pas le temps pour un dernier câlin ou un dernier baiser. Chaque matin, plusieurs d'entre nous laissons derrière des yeux pleins de larmes et des cris dignes du mur des lamentations. Chaque matin, plusieurs d'entre nous refermons la portière et pressons l'accélérateur pour espérer arriver au boulot à temps, et la crinière pas trop dans le vent.

Personnellement, chaque fois que je laisse derrière mes trois enfants, je débute une réflexion sans fin. Au même titre où les femmes de mon époque ne savent toujours pas si la poule vient avant l'œuf, elles ne savent pas non plus si le combat de l'égalité avait pour but de les aider ou de leur nuire. Chaque matin, mon Bluetooth à l'oreille, je fais un premier appel à mon amie de toute la vie.  Chaque matin, je lui souhaite de survivre à la prochaine journée et je lui demande, la voix pleine d'espoir d'obtenir une réponse satisfaisante : POURQUOI?????? Pourquoi est-ce que je m'inflige cette torture, jour après jour? Pourquoi est-ce que j'accepte de vivre autant de stress, tous les jours de toute ma vie? Pourquoi n'ai-je pas encore trouvé l'argument coup-de-poing, qui me convainque que ce que je fais est bien?

Chaque matin, j'explore la possibilité suivante: et si ma grand-mère n'avait pas brulé sont foutu soutien-gorge, comment ma vie se déroulerait-elle? Serais-je confiné dans une cabane en bois rond, sans eau ni électricité? Devrais-je faire la lessive dans un bac d’eau douteuse, le petit dernier d'une série de 22 accroché à mon sein? Devrais-je diluer le lait avec de l'eau par manque de moyens? Serais-je la victime d'un homme sans valeurs qui me considérerait comme sa propriété? Mourrais-je à 40 ans d'avoir brulé la chandelle par les deux bouts? Peut-être…mais peut-être pas…

Le combat de ma grand-mère était certes d'une importance capitale. Par contre, si vous me permettez, j'aurais quelques petits messages à envoyer dans les astres afin que ma grand-mère comprenne que nous sommes évidemment tombés dans l'extrême! Ne vous méprenez pas! Je suis très heureuse d'avoir le droit de vote, d'avoir pu fréquenter l'université, de pouvoir m'émanciper comme il me plaît. Par contre, je ne supporte plus la double pression qui m'est infligée! Du haut de mes trente printemps, je dois travailler pour subvenir aux besoins familiaux, je dois être disponible pour l'école si un problème surviens avec mon plus grand et je dois mettre tout de côté si mon petit dernier est fiévreux. Je dois aussi m'assurer des suivis médicaux, de la tenue du budget, de ma part des tâches ménagères ainsi que de la gestion chaotique d'un horaire qui demanderait l'ajout de 2 heures à chaque journée et d'une huitième journée à chaque semaine. Idéalement, je devrais être coquette après une nuit blanche, je devrais être en forme pour donner l'exemple à mes enfants et je devrais posséder toute les compétences culinaires nécessaires afin de réussir un gigot d'agneau pas trop piqué des vers... Bref, idéalement, je devrais cuisiner tous les groupes alimentaire trois fois par jours, je devrais demeurer calme quand mes enfants, épuisés de leur journée, hurleront à la mort pour avoir une gomme ou un biscuit et je devrais entretenir ma maison de façon impeccable pour pouvoir manger par terre...Mais dites-moi: QUI MANGE PAR TERRE????

Alors à toutes les grands-mères de ce monde qui ont jugés que leur vie demandait d'être changée afin de pouvoir mener la vie des hommes: la prochaine fois, augmentez donc la taille des petits caractères dans le bas du contrat pour que les générations à venir sachent exactement à quoi s'en tenir. Pour que chaque jeune femme en âge de procréer sache que le statut égalitaire qu'elle a ne la décharge pas des obligations familiales. Et peu importe ce que mes détracteurs en diront, même si je faisais le choix de rester à la maison pour ne pas courir, la vie se chargerait assez tôt de me remettre au visage l'incohérence de mon choix.

À l'ère où les gens désirent un iPhone qui n'existe pas encore, où le gouvernement nous bombarde de pub sur l'importance pour nos enfants de participer à des activités physiques, où le fait de ne pas avoir le câble, la Wii ou l'internet est synonyme de déficience mentale...et bien les parents qui désirent faire un choix éclairé en sont incapables! Comme tout parents, je ne veux pas que mes enfants manquent de chose matérielle, je veux qu'ils participent aux sorties scolaires ou au voyage de fin d'année. Je veux aussi leur offrir des dents bien droites, des orthèses pour leurs pieds crochent, des cours de violon pour leur développement artistique, des cours de natation pour assurer leur survie, des cours d’anglais afin d’assurer leur avenir et des cours de danse…parce que moi, je n’en ai jamais eu la chance.

Je veux le meilleur pour mes enfants. Je veux qu’ils s’épanouissent et soient de leur temps. Je veux qu’ils s’intègrent à la majorité tout en ayant leur propre personnalité. J’exige l’accès à tous les services qui leurs sont nécessaires ainsi qu’à tous les droits et privilèges que la société se doit de leur accorder. Je demande qu’ils soient traités avec égalité et qu’on favorise leur capacité à l’autodétermination. Mais comme je dois travailler pour m’assurer de tout cela, je dois continuellement confier ces mandats à d’autres. Comme je dois travailler, je ne peux être présente à chaque instant pour les aider à découvrir le monde dans lequel ils vivent et à développer leur sens critique face à une société incohérente, axée sur la performance. Comme je dois travailler, je suis perpétuellement insatisfaite de mon rôle parental.

Alors ma chère grand-maman, merci d’avoir obtenue pour moi l’accès à l’université, au bureau de scrutin, aux emplois passionnant et à une rémunération satisfaisante… Mais si c’est à recommencer, pourriez-vous inclure dans vos combats le droit d’une mère à pouvoir élever ses enfants sans devoir faire autant de compromis? Pourriez-vous négocier dès le départ les accommodements travail-famille ainsi que la collaboration de notre société? Parce qu’entre vous et moi… les listes d’attentes dans les garderies seraient beaucoup moins longues et les choix beaucoup moins déchirants si tout le monde s’entendait sur une chose : les enfants des années 2000, comme ceux des années 50, ont le droit de respirer un peu, entre deux activités dirigées. Mes enfants, comme les vôtres, ont le droit d’avoir des parents un tantinet plus zen et certainement plus présent!

Aux détracteurs qui jugeront mon texte archaïque, et à ceux qui me traiterons de déficiente finie, je vous dis ceci : nous verrons bien dans 20 ans ce que nos enfants auront à dire de leur enfance et de leurs parents. Je vous pari un soutien-gorge qu’ils auront bien des choses à nous dire…. Probablement autant que ce que j’aurais à dire à ma grand-mère!


Bon marathon!

mercredi 3 août 2011

Dans ma valise , j'apporte...

À l’été 2009, nous avions passé une semaine à St-Faustin-du-Lac-Carré…Beau chalet, gros confort, mais un temps de cul et beaucoup de déplacement à tous les jours parce que rien n’était à proximité…. On avait fait beaucoup de vélo, du magasinage en masse et on avait tiré le beau côté du mauvais temps… Nous avions eu la bonne idée de monter le parc de la Diable avec les enfants. Assis dans le chariot, Alexandre et Anne-Sophie avaient trouvé le périple assez long…Les sentiers étroits de gravelles, les pentes abruptes, la chaleur et la durée avaient eu raison de leur patience! Ajoutons à cela le fait que nous avions oublié les outils de secours advenant un bris sur nos vélos…Et vous imaginez bien que nous avons eu une malchance : le guidon du vélo de mon chum s’est dévissé…nous avions tenté de fixer le guidon avec un foulard que j’avais dans les cheveux, mais avec peu de succès…À la fin de notre randonnée, les enfants ne voulaient plus faire de vélo…dans le chariot! Nous étions revenus au chalet exténués! 
À l’été 2010, une semaine de camping au Parc des Campeurs de Sainte-Agathe-Des-Monts… Une roulotte avec 8 places couchées, l’eau courante…mais pas de toilette et pas assez d’ampère pour faire partir l’air climatisée sans faire sauter les fusibles… Un bébé de 2 mois et demi qui ne fait pas ses nuits, deux jeunes enfants de 4 et 2 ans qui ont de l’énergie à en faire sauter les fusibles de notre cerveau, un prépré-ado qui trouve que tout est plate dans le plus plate des mondes… Et un premier 24 heures de camping assez désastreux pour que mon chum et moi songions à nous séparer… Ajoutons à cela que nous avions fait l’achat d’un super barbecue à briquettes qui prend 4 heures avant d’être assez chaud pour faire cuire 3 boulettes de viande, que nous ne savions pas comment éteindre l’alerte stridente qui tentait de nous faire comprendre que nos fils électriques étaient débranchés, que nous n’avions pas prévu que nos enfants voudraient découvrir leur nouvel environnement en posant les pieds sur le terrain de camping et que nous n’avions pas évalué la possibilité que notre unique semaine de vacances soit celle-là plus chaude de l’année. Finalement, nous n’avions pas songé à la manière de s’y prendre pour arriver à gérer le chaos le plus total!
Le plus beau dans tout ça? On a trouvé un Walmart pour acheter un barbecue au gaz miniature, on a rebranché le fil électrique de la roulotte à la bonne place, on a pris une grande marche avec les enfants pour leur montrer tout ce qu’il y avait à voir et l'on s’est baigné pour se rafraîchir… On s’est ajusté! On a respiré par le nez, on a descendu les épaules, on a regardé toutes les options et on a pris une décision : celle de rester au camping, et d’en profiter le plus possible… Et c’est depuis ces vacances que nous avons découvert que nous aimions le camping en famille! Aujourd’hui, mon chum et moi sommes toujours ensemble et nous comptons bien profiter de chaque instant que la vie nous donne pour prendre le temps de nous amuser avec nos enfants!
Nous sommes maintenant en 2011 et nous renouvelons l’expérience du camping. Cette fois, nous sommes à Sainte-Béatrix pour une semaine. Avec l’expérience de l’an passé, nous avons beaucoup mieux surmonté les 24 premières heures de nos vacances! Le terrain est super! Une piscine, un parc de skate, un parc avec des modules pour les enfants, un terrain de baseball, des tables de Ping-pong… Et encore mieux : assez d’ampères pour brancher l’air climatisé, le service d’égout pour que l’on puisse utiliser l’eau et la toilette de la roulotte et un sens de l’organisation plus développé! Notre petit dernier ne fait toujours pas ses nuits…mais qu’à cela ne tienne… nous survivrons! Les enfants sont heureux! Ils peuvent bouger sans restriction. Ils courent, sautent, font du vélo, nagent, crient, chantent, mangent et rient… Et il n’y a rien de plus agréable à l’oreille des parents que les rires de leurs enfants! Rien de plus doux qu’un éclat de rire… rien de plus merveilleux que leurs yeux qui brillent…
Depuis notre arrivée, nous avons eu notre lot de blessures… Anne-Sophie s’est blessé en courant autour du foyer extérieur lorsque 2 blocs de ciment se sont écroulés sur sa jambe, Alexandre s’est écorché un genou en dérapant avec son vélo sur la route en gravier, Maxime s’est fait un œil au beurre noir en basculant de son siège d’appoint… Mais tout va bien…Nos enfants survivront…et surtout, ils apprendront! Dorénavant, Anne-Sophie se tient loin du feu, Alexandre n’essaie plus de faire des cascades à vélo…et Maxime bien…Maxime continuera de se dandiner dans son siège…mais ses parents seront beaucoup plus vigilants!
Chaque année, nos vacances en famille me permettent de réaliser qu’il n’y a rien de plus agréable que le simple fait d’être tous ensemble…Manger ensemble, jouer ensemble, se baigner ensemble, dormir ensemble…
Cette année, nos enfants ont la chance de côtoyer les enfants de la roulotte voisine. Trois petits albertains, venus passer 5 semaines au camping avec leur maman afin d’apprendre le français. Des petits bouts adorables. Xavier, 5 ans, Monique, bientôt 4 ans, et Martin 3 ans. Nos enfants ne se comprennent qu’à moitié avec les mots…mais totalement avec leur corps et leurs gestes. Alexandre s’amuse à essayer de parler anglais et son ami lui répond continuellement « oui »…Anne-Sophie et Monique ne se parlent pas, mais se font des signes et finissent par se comprendre… Martin est encore petit, mais arrive à suivre les plus grands. Il ne parle pas, ne se fait aucun signe et est continuellement perplexe face aux plus grands qui tentent de le convaincre qu’il peut jouer avec eux. Ils sont tous adorables. Sans parler le même langage, nos enfants s’amusent et apprennent à se connaître. Leur langage est universel. Pas besoin de traducteur, pas d’interprète. Le plus curieux c’est aussi qu’il n’y a pas de conflit! Pas de méprise sur les intentions de tout un chacun. Pas de cris, pas de larmes, pas de disputes... Aucune intervention parentale n’est nécessaire! Seulement du plaisir à l’état pur! Si vous voulez mon avis, bien des grands de ce monde auraient des leçons à tirer de tout ça!
Et finalement, le chao ce n’est pas les vacances… c’est notre vie quotidienne! C’est de demander à nos enfants de suivre le rythme effréné qu’on leur impose! C’est de les bousculer dans leur vie d’enfant afin qu’on puisse, nous, vivre nos vies d’adultes. C’est de leur demander de nous aider à s’organiser en faisant les choses que nous n’arrivons plus à faire… Combien de fois ai-je demandé à mes enfants de se ramasser, de nettoyer, de faire attention de ne rien renverser, de se dépêcher à manger, à s’habiller ou à se déshabiller… En vacances, mes enfants s’habillent et mangent… rapidement et sans rien renverser…parce que je ne leur demande pas de se presser. Mes enfants se ramassent parce que notre espace vital est restreint et qu’ils ne désirent pas dormir dans du linge sale. Mes enfants mangent comme des ogres... même leur portion de viande. Mes enfants sont heureux parce que leurs parents sont en vacances... parce que leurs parents ne sont pas stressés. Leurs parents se parlent, s’entendent sur les tâches à accomplir, rient des bêtises de leurs enfants, dansent sur la musique pop, et se moquent de l’horaire, de la routine, des tâches qui à la maison sont des corvées, mais qui, une fois en vacances, ne sont que des choses normales de la vie!
Cette année, dans ma valise, en plus des maillots de bain, de la crème solaire, de la trousse de premiers soins et des médicaments d’urgence, j’ai apporté mon ordinateur portable. Je suis restée connectée au reste du monde au grand dam de bien des internautes. Certains jugent le choix que j’ai fait… d'autres le comprennent surement. Pour ma part, j’utilise les quelques moments de libertés qui me sont offerts pour réfléchir et mettre sur papier ces petits moments de bonheur. Je prends ce temps pour que le reste de l’année, je me souvienne que mes enfants ne sont que des enfants. Pour me rappeler qu’il n’y a aucune raison pour que chaque jour de ma vie ne soit rempli de bulles de bonheur. Parce qu’en vacances ou pas, mes enfants ont besoin de courir, de chanter, de danser, de jouer. Mes enfants ont besoin que je sois disponible pour eux, que je sois attentive à leurs besoins d’enfants.
À la maison, le lavage, la vaisselle, le ménage et les courses passent souvent avant eux. Un petit dix minutes de télé le temps que je range les courses, un autre dix minutes pour que je puisse terminer la vaisselle, un autre quinze minutes pour que je termine de préparer le souper, et pourquoi pas un autre petit dix minutes pour que … pour que je puisse juste avoir mon petit dix minutes à moi…. Ici, en vacances, la vaisselle se fait, les repas aussi, les courses tout autant… sans la télé! J’ai même du temps pour écrire, pour prendre un café, pour prendre le temps de prendre le temps… Je prends des photos, je navigue sur internet, je fais une petite sieste… Pas de dispute conjugale, pas de tension, la vie comme elle devrait l’être tous les jours.
Bon, d’accord, j’en conviens…nous reviendrons un jour à la maison. Nous devrons retourner travailler et reprendre nos routines. J’espère seulement que nous aurons appris et retenu la leçon… la vie n’est stressante que lorsqu’on donne une ampleur disproportionnée à des évènements sans envergure. La vie n’est pas une succession de routine. Rien ne m’oblige à rester coincée dans un carcan rigide et structuré. Rien ne justifie que je ne change pas la façon dont j’organise et gère ma vie. Je compte donc changer mes façons de faire…Tout simplement! Pour que mes enfants sachent que la vie est belle quand on prend le temps de la vivre. Quand on prend le temps d’en profiter.
Je suis bénie des Dieux d’avoir d’aussi beaux et bons enfants. D’avoir un conjoint qui les aime et en prend soin. Je suis chanceuse d’avoir des amis qui m’écoutent et me lisent. Dorénavant, dans ma valise, je continuerai d’apporter mon portable… Pour me rappeler que je suis chanceuse… tout simplement.

lundi 1 août 2011

Enfant téflon ou parents Tupperware?


              Le jour J est arrivé… vous savez, celui où on se remet en question… encore.  Le jour J, c’est celui que l’on ignore, celui qui nous fait coucou du fond de la salle et que l’on se promet d’ignorer jusqu’au moment où, près de la sortie, on aura plus d’autres options que de le saluer en retour. Le jour J c’est comme un ancien petit ami fatiguant qui ne comprend pas qu’on ne veut pas VRAIMENT rester amis… Et bien, le mien, il est là… mon jour J fatiguant qui m’oblige à me regarder dans le miroir et à faire face à ce que je suis, à ce que je désire, à ce que j’espère… à ce que je ne veux pas être…

                Je suis en couple depuis plus de 10 ans, j’ai une profession, mais pas d’emploi stable, une maison, une voiture, un compte en banque et des responsabilités… Jusque-là, tout baigne. À un moment précis, j’ai pris la décision d’avoir des enfants. Mon conjoint et moi avons décidé, parce que nous nous aimons, de créer un prolongement de notre amour. Un petit être sans défense, qui nous ressemblerait, qui nous aimerait, et que nous aimerions en retour. Encore aujourd’hui, ç’a été la meilleure décision de notre vie.

                Me voilà donc enceinte, le ventre rond de toutes nos espérances, de tous nos désirs, de toutes les angoisses. Avant de te tenir dans mes bras, je pensais que l’amour n’avait pas beaucoup de secrets pour moi. Je croyais que je savais ce qu’était l’amour. Je savais que l’amour n’était pas jaloux, ni mesquin, que l’amour était tendre, respectueux et réciproque. Je savais aussi que l’amour se travaillait, qu’il demandait certains efforts, mais qu’il finissait toujours par triompher. Je le savais parce que je l’avais vu à la télé.

                Le 10 septembre 2005, ton arrivée est imminente. Quelques heures à peine et nous verrions tes yeux, ton nez, tes doigts, tes orteils. Quelques heures encore et nous sentirions ton odeur, entendrions ton pleur… Quelques heures et je découvrirais quelque chose d’encore plus grand que nous… mais je ne le savais pas

                11 septembre 2005, tu es là! Enfin! Mais… tu n’es pas comme tu devrais l’être… Tu es mou, gris, tu ne pleures pas. Couché sur la table d’opération j’essaie de te voir, de t’entendre. Je ne vois rien. Je n’entends rien. Ton père est là. Il essaie de voir. Il essaie d’entendre. Il ne voit rien. Il n’entend rien. Les gens parlent fort, tout le monde se presse. Je ne t’entends toujours pas... mais je vois… Seigneur je vois! Tu es gris. Tu ne pleures pas. L’inhalothérapeute s’affaire auprès de toi. Son regard croise le mien. Je pleure. Elle me sourit et dit : écoutez!.... Je t’entends! Tu pleures! Tu respires! Enfin!!!!!
                Quelques secondes à peine que tu es dans ma vie. Quelques secondes et tu me fais réaliser qu’au fond… avant toi, je n’avais jamais aimé! Quelques secondes où je ne t’ai pas entendu, où je ne t’ai pas vu… Quelques secondes et je savais déjà que je donnerais ma vie pour toi!

                Presque 6 ans plus tard, tu respires… pis on t’entend!!! Tu es grand, les yeux couleur ébène, les cheveux presque noirs. Tu es beau, intelligent et je t’aime sans effort. Tu es brillant, vif et attachant. À 2 ans, tu parlais franc, questionnais sans arrêt sur tout et sur rien. À 3 ans, tu mémorisais des chansons au rythme effréné.  À 4 ans, tu me détestes parce que je ne t’ai pas inscrit à l’école. À 5 ans, tu sais lire, compter, chanter, faire du vélo à deux roues, jouer au hockey et au baseball. À 5 ans tu navigues sur internet, te lamentes que notre bibliothèque manque d’encyclopédie, me supplie pour avoir une planche à roulettes. À 5 ans, tu défies l’autorité, cries à l’injustice dès que tu es puni, refuses de collaborer lorsque ça ne te dit pas. À 5 ans, tu es beau, intelligent et je t’aime sans effort. À 5 ans, l’école m’appelle sans arrêt pour me dire que ça ne va pas, que tu te fâches, que tu cries…que tu ne pleures jamais. À 5 ans, tu choisis de te retirer du groupe pour lire, tu n’accomplis pas tes travaux, tu n’aimes pas être en classe. À 5 ans, tu as des amis, tu les aimes, tu veux les voir. Tes amis viennent parfois à la maison, tu les aides, tu joues, tu ne cries pas. Tu peux passer des heures à t’amuser dehors à faire du vélo, seul. Tu détestes le dessin, n’aimes pas écrire ton nom au complet et refuses obstinément de manger autre chose que du nutella au déjeuner. À cinq ans, tu es beau, intelligent et je t’aime sans effort.
                Mais maintenant voilà… Le jour J se pointe et m’envoie en plein visage la question que je n’ose pas me poser. Où ai-je manqué à mon rôle de mère pour être incapable de te faire entendre raison? Où ai-je manqué de constance pour que tu t’opposes sans arrêt à chaque règle, chaque consigne qui t’est donnée? Où ai-je manqué de fermeté pour que tu croies que tes comportements n’auront jamais de conséquence, de répercussion? Où ai-je failli à ma tâche de mère qui m’empêche de partir travailler tranquille le matin, sans m’inquiéter de ce qui t’arrive, de ce que tu vis?  Qu’ai-je fait qui ne fonctionne pas avec toi, mais qui fonctionne bien avec ta sœur et ton frère? Les voilà, les questions du jour J.  Les questions que tous ceux qui m’aiment s’empressent de repousser du revers de la main en disant : ainsi va la vie. Et bien, c’est aujourd’hui que je me les pose.

                Tu as 5 ans, tu es beau, intelligent et ton avenir est prometteur… Si tu admets que tout n’est pas facile, et que tu développes ta tolérance à la frustration. Ton avenir est prometteur, ton intelligence est supérieure. Les professionnels le disent : qu’allons-nous faire avec cet enfant qui, en maternelle, sait lire et compter? Qu’allons-nous faire avec cet enfant au Q.I  global de 127, qui adore la musique, qui a une mémoire phénoménale et un talent pour les langues? Les professionnels le disent : beau problème madame!...Faudrait juste qu’il arrête de faire à sa tête, qu’il reste assis plus de 3 minutes et qu’il essaie de contrôler ses impulsions. Quand il saura gérer ça…, ça ira!

                Tu as 5 ans, tu es beau, intelligent, attachant et je t’aime sans effort. Je suis ta mère et je me demande quoi faire. Continuer de te faire voir par des spécialistes? Ergothérapeute, pédiatre, travailleuse sociale, intervenant en santé mentale, pédopsychiatre?  Dois-je être plus sévère? Plus ferme? Dois-je t’encourager pour les bons coups et ignorer les moins bons? Dois-je m’assurer que tu mesures l’impact de chacune de tes actions? Dois-je faire de toi un exemple pour tes frères et sœur? Où dois-je simplement garder en tête que tu as 5 ans, tu es beau, intelligent et que je t’aime sans effort?

                Certains disent de toi que tu es un enfant téflon. Que tu te balances de tout. Que tu n’écoutes rien… Moi je dis que tu es un enfant spécial, qui ne comprend pas les incohérences du monde dans lequel on vit. Certains pensent que tu es le résultat d’une éducation déficiente. Que tes parents sont probablement des gens sans valeurs, dépourvus de capacités parentales. Moi je dis… Je dis que je ne sais pas…

Je suis une mère qui fait de son mieux. Je m’inquiète du bonheur de mes enfants. Je m’efforce de leur parler plutôt que de les contrôler.  Je m’efforce de leur expliquer plutôt que de les empêcher.  J’essaie d’être juste, équitable. J’essaie de faire preuve de transparence, d’honnêteté… mes enfants m’ont déjà vu pleurer.  J’essaie, chaque matin, de m’assurer que chacun d’eux ait tout ce dont il a besoin pour vivre heureux, comblé. Je collabore avec la garderie, l’école, le camp de jour. J’essaie de les motiver à faire de leur mieux, à développer leur autonomie, à tranquillement grandir pour devenir des individus autonomes et accomplis. J’essaie de simplement faire ce que toute mère ferait.

 Je flanche parfois devant des yeux pleins de larmes. Je donne souvent du dessert même si le repas principal n’est pas entièrement terminé. J’achète des gâteries si j’arrive à faire mes courses sans m'évanouir d’épuisement. Chez Tim Hortons, j’achète des SmooTim pour pouvoir boire mon café sans qu’il y ait de ligne de piquetage sur la banquette arrière.  Je donne de la gomme pour éviter la crise,  j’offre 10 sous chaque fois que tout le monde s’assoit dans l’auto dans un délai de 15 secondes et par temps chaud, au diable les calories, tout le monde à la crèmerie! Tu n’es pas un enfant téflon… je suis une mère Tupperware! Comme un plat en plastique qu’on met dans le bac du bas au lave-vaisselle, je fonds. J’ajuste ma discipline, je la modèle sur mes instincts du moment. Je déroge à mes propres garanties… surtout celle qui dit que je suis garantie à vie.

Et peu m’importe… Tu as 5 ans, tu es beau, intelligent, attachant… Je t’aime sans effort et sans condition.
         

Enfin...je bloggggg!

      Après plusieurs années de rédaction sans lecteur, je me lance enfin dans l'aventure de l'écriture. L'écriture est une évasion, une ouverture vers le monde qui permet de partager l'émotion en la faisant vivre à ceux qui nous lisent. Je ne suis ni auteure, ni poète. Je n'ai pas la prétention de vouloir changer le monde ou les individus. Je ne juge pas les actes d'autruis, je ne moralise pas leurs choix. Je partage mon ressentie, je pousse mes réflexions, je me questionne sur mes propres choix et sur leurs impacts sur les gens qui m'entourent. J'affiche aisément mes couleurs, partage publiquement mes opinions et encense les gens qui croisent ma route et rendent ma vie plus facile, plus complète.

    Certains aiment ce que j'écris pour l'émotion que cela leur fait vivre, d'autres y voient une façon de se comparer, de s'apaiser, de s'évader. Mes textes sont directement collés sur la réalité. Je m'inspire de ma vie, de celle de mes amies, de mes enfants, de ma famille, de mes collègues et des multiples rencontres que j'ai fais dans ma vie. Même si plusieurs de mes publications sont directement inspirées par la réalité, d'autres sont carrément fictives et me permettent d'exprimer une opinion ou une émotion sur un sujet que je ne vis pas mais qui suscite chez moi l'envie d'écrire, de partager.

    Je partagerai donc avec vous mes textes, mes opinions, ma vie. Au détracteurs qui qualifieront mes écrits de simplistes, vous aurez probablement raison. À ceux qui n'y trouveront pas d'intérêt, pas de problème. À ceux qui trouveront que d'autres ont déjà fait pareil, peut-être... Aux autres: Bienvenue sur mon bloggg!

    Je m'appelle Michelle, je suis jeune, je suis jolie et  ma vie est bien remplie. Accompagnez moi dans cette aventure. Partagez avec moi vos opinions, vos émotions, vos souvenirs, vos frustrations.Ajoutez-y vos photos, vos créations, vos liens intéressants. Suivez-moi...et vous verrez!

   Au plaisirs!
  
   Michelle
   Maman Tupperware