lundi 29 août 2011

Palpez ce sein que je ne saurais voir....

Mon amie,
                Je me souviens encore de la première fois où nous nous sommes rencontrées…   Dans la salle des employés de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Assise, calme, tu nous racontais ta triste expérience d’une grossesse interrompue.  Sereine, tu exprimais ta peine les yeux pleins d’espoir que ce ne soit que partie remise. Ce jour-là, j’ai su que tu serais mon amie.
                Tu as les yeux d’un bleu clair et limpide. Ta voix est d’une douceur qui rendrait jalouse les plus belles sirènes.  Toujours prête à aider, toujours disponible pour écouter. Tu m’as si souvent réconforté que les mots me manquent quand vient le temps de te montrer ma reconnaissance. Tu as été là quand ma fille était malade, quand je m’inquiétais sans raison pour une fièvre qui s’élevait un peu trop et tu m’as conseillée chaque fois que j’ai eu besoin de toi. C’est grâce à toi que je sais maintenant que la purée de carotte sert à épaissir une sauce à spaghetti…. C’est grâce à toi que j’ai eu le courage de changer d’emploi…. C’est grâce à toi que bien des fois, j’ai repris confiance en moi.
                Tu as 27 ans, deux belles petites filles en santé, un conjoint présent, un emploi que tu aimes. Tu inspires ceux qui t’entourent à donner le meilleur d’eux-mêmes.
                Aujourd’hui, tu m’as appris que tu es atteinte d’un cancer du sein. Aujourd’hui, je t’ai entendue pleurer pour la première fois. J’ai senti mes jambes fléchirent. J’ai senti mon cœur faiblir. Aujourd’hui, tu m’as appris que tu es atteinte d’un cancer du sein. Je n’ai pas su quoi dire. Je ne voulais pas mentir. Aujourd’hui je t’ai entendu me dire que tu es atteinte d’un cancer du sein…. Je t’ai écoutée m’expliquée qu’il est normal que je sois sous le choc, que chacune des personnes que tu as contactées l’a été. Tu m’as expliqué que j’y penserais beaucoup pour les prochains jours…que je trouverais cela injuste…que je serais triste. Aujourd’hui, tu m’as consolée parce que tu es atteinte d’un cancer du sein…
                Aujourd’hui, je t’ai écoutée m’expliquer que tu avais besoin de le dire. Que tu savais que tu devais prendre les choses une à la fois. Que tu désirais en savoir plus sur ce qui t’attendais, mais sans tout savoir. Que le plus difficile dans tout ça, c’est la tristesse de savoir que tes filles te verront malade. Que le plus triste dans tout ça, c’est qu’en 2011, une personne sur trois aura un cancer, et que la première chose que l’on se demande est : est-ce que ce sera moi? Aujourd’hui, je t’ai entendue pleurée… Aujourd’hui je n’ai pas été soulagée de ne pas être dans tes souliers. Mon amie aujourd’hui, j’aurais voulu te dire que je ne voulais pas que ce soit toi….la personne sur trois. Aujourd’hui, j’aurais voulu te dire que je te fais la promesse d’être là, à chacun de tes pas, à chaque fois où tu auras besoin de moi. Je te fais la promesse de t’envoyer chaque parcelle de mes pensées pour t’aider à surmonter la maladie et à faire face à chaque jour qui viendra.
                Aujourd’hui, tu m’as appris que tu as un cancer du sein. Aujourd’hui, j’ai appris que tu mènerais le plus grand combat de ta vie. Aujourd’hui, j’ai pleurée avec toi mon amie. Demain, je me battrai avec toi si tu le veux bien….
                Demain, je ferai connaître une partie de ton histoire pour que d’autres femmes sachent que le cancer du sein est réel, qu’il n’a pas de préférence pour les blondes ou les brunes, qu’il n’a rien à faire de l’âge, de la beauté ou de l’intelligence. Pour que les femmes sachent que personne n’est à l’abri de cette maladie.
                Aujourd’hui, demain et pour toute la durée de ton combat…je serai là. Tu peux compter sur moi!
                Je t’aime mon amie.

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