On
me le demande souvent. Mais Maman Tupperware, comment tu fais?
Chaque
fois, je réponds « Comment je fais quoi? »
Chaque
fois, mon interlocutrice (les hommes m'abordent rarement à ce sujet,
que voulez-vous!) a les yeux exorbités, les sourcils en accents
circonflexes et une sorte de sourire qui n'en est pas un.
Chaque
fois, je souris et je réponds « Tu sais, je fais comme toi! »
On
a 4 enfants (on n’est pas les seuls là!). Deux garçons, deux
filles (ça balance!). Un enfant avec le Syndrôme de Gilles de la
Tourette (on vit avec) et une petite fille avec un TDA/h (on le
savait avant de le savoir). Pour le moment, les deux autres sont
encore neurotypiques (jusqu'à preuve du contraire). Évidemment, nous
ne sommes pas la famille typique : des défis, on en a peut-être
un peu plus que les autres parents.
Toutefois...
Nos
enfants font les mêmes trucs que les autres. Ils s'obstinent
(s’obstiner est clairement un euphémisme ces temps-ci!), ils se
laissent traîner, ils ne tripent pas sur les fèves germées, ni sur
le pain intégral et ils nous trouvent régulièrement indignes
d'être les seuls parents au monde qui ne permettent pas ceci
ou cela.
Comme
les vôtres, nos enfants bougent. Beaucoup. On les envoie jouer
dehors, on les inscrit à des activités sportives, on essaie de
trouver des moyens pour leur faire dépenser leur énergie de façon
constructive. (Parce que tsé, un enfant qui déborde d'énergie,
TDA/H ou pas, ben ça finit par faire des niaiseries si on s'en
occupe pas!)
À
l'école, bien sûr, c'est différent. Le cheminement particulier de
Fiston nous facilite la tâche (pas de devoir, que de l'étude) et
l'horaire écourté de 25 h de scolarisation par semaine fait en
sorte qu'il n'est pas épuisé à la fin de sa journée. Pour sa
part, Princesse Tupperware a un cheminement régulier. Elle a besoin
d'être encadrée, mais fonctionne bien sans médication jusqu'à
présent.
On
me demande souvent comme je fais et je sais pourquoi. Parce que le
petit extra que l'on a en ayant un enfant qui souffre de trouble de
santé mentale fait peur. C'est la gestion de comportement et d'état
d'âme de notre garçon qui laisse croire aux gens que notre vie est
plus compliquée. Et oui, elle l'est.
Les
moins bonnes journées de Fiston sont épuisantes. Quand il est
anxieux, colérique ou plus agité qu'à l'habitude, on doit
redoubler d'effort pour rester en contrôle et prendre la situation
en main.
Quand
ses tics sont plus présents (surtout le raclement de gorge), on doit
encore faire preuve de patience et faire comme si on entendait rien.
Quand
il ne tolère pas la présence de sa sœur ou de son frère, qu'il
crie, qu'il est impatient ou qu'il est simplement fatigué, on doit
être capable de reconnaître les signes qui nous indiquent que la
dérape arrive.
Et
vous savez, en fait, je ne sais pas comment on fait. On ne se dit pas
qu'on est bon de faire tout ça. On le fait.
Alors
comme vous, je passe au travers de la « to do list ».
J'apprends à lâcher prise sur certains aspects et à me concentrer
sur ce qui compte vraiment.
Et
je me dis qu'un jour, quand Fiston sera devenu grand et autonome et
qu'il aura appris à s'autocontrôler, j'aurai réussi quelque chose
de grand. Tout comme vous, j'aurai mené mon enfant à l'âge adulte,
un jour à la fois.
Et
le reste de sa vie lui appartiendra.