mardi 18 mars 2014

Solidarité fraternelle


J'ai grandi sans frère et sœur. (Sans père non plus!) Je ne sais donc pas ce que cela implique de devoir partager ses parents, son espace, ses jouets, sa vie. Je ne sais pas non plus jusqu'à quel point on peut aimer un être qui est génétiquement constitué comme soi et qui nous emmerde 75 % pour du temps.

Fiston, Princesse et Bébé Tupperware sont le trio typique. Quand ils ne sont que deux, tout va bien. Quand ils sont tous les trois, c'est plus... compliqué. Souvent, c’est Princesse qui écope. Seule fille entre deux garçons, elle doit (souvent) défendre ses goûts et ses intérêts. C'est à ce moment que les conflits commencent.

Il y a aussi une certaine rivalité entre Fiston et sa sœur. Ils se disputent pour des banalités qui, souvent, nous dépassent. C'est continuellement la guerre pour savoir lequel des deux sera assis près de moi au souper, lequel des deux sera assis près de Papa dans le salon, lequel des deux choisira le film du vendredi soir, lequel des deux s’assoira au centre dans la voiture, lequel des deux m'aidera pour donner le bain de Minnie ou encore lequel des deux videra le lave-vaisselle pour obtenir un jeton! Parfois, je me dis qu'ils finiront par se détester tellement ils se disputent souvent.

Hier soir, ils m'ont prouvé que mes craintes n'étaient pas fondées.

Princesse Tupperware est difficile. À l'heure du souper, elle lève régulièrement le nez sur ce qu'on lui sert à manger. Hier soir ne fit pas exception.

« J'aime pas le riz, j'aime pas le poulet et j'aime pas les choux-fleurs cuits. »

Papa Tupperware en a eu assez. Ça fait plusieurs fois que nous avisons notre fille qu'un jour elle aura dans son assiette une tranche de pain avec du beurre et un verre d'eau en guise de repas. Ce qui devait arriver arriva!

Bien sûr, Princesse a fondu en larmes, réclamant un souper plus... consistant. Puis, Fiston s'est fâché! Il a pris son assiette et l'a échangé avec celle de sa sœur. Papa tupperware a refait l'échange, expliquant à notre garçon que sa sœur ne mourrait pas de faim et qu'elle devrait apprendre à arrêter de lever le nez sur ce qu'on lui sert à manger. Fiston n'était pas d'accord. Il s'est levé et est descendu dans sa chambre en pleurant. Il est ensuite revenu pour dire à Papa Tupperware : « C'est quoi cette punition-là??? Hein? C'est quoi? » Puis, il est allé serrer sa sœur dans ses bras.

La réaction de Fiston m'a tellement surprise que j'ai... éclatée de rire. J'ai même dû sortir de la pièce pour ne pas saboter l'intervention de Papa Tupperware. Une fois calmée, je suis revenue à table pour terminer mon repas.

Fiston était assis à côté de moi, les yeux rougis et le regard pleins de larmes. Princesse, devant ses tranches de pain, ne disait rien.

J'ai regardé notre fils et lui ai dit : « Je ne pense pas que tu sois fâché. Je pense que tu as de la peine de savoir que ta sœur a un repas moins complet que le tien et tu as peur qu'elle ait faim. Je me trompe? » Il a hoché de la tête.

Papa Tupperware et moi nous sommes regardé, émus de la réaction de notre garçon. D'un commun accord, nous avons donné une assiette de notre repas à notre fille en soulignant que, pour cette fois, elle y avait droit, mais que c'était notre dernier avertissement. Nous avons aussi dit à Fiston que nous étions émus de la démonstration d'amour qu'il venait de faire à sa sœur, mais que la prochaine fois, nous ne reviendrions pas sur notre décision.

J'ai parfois douté de la capacité de Fiston à éprouver de l'empathie pour autrui. Aujourd'hui, je sais qu'il en est capable.

Et pour ce qui est de la constance parentale... ce sera pour une prochaine fois!

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