lundi 3 mars 2014

Qu'arrivera-t-il si l'amour ne suffit plus?


Lundi matin. La relâche est terminée. Les enfants sont à l'école. Je déguste mon premier café en faisant le tour de l'actualité. Sur les réseaux sociaux, un texte circule. Son titre m'interpelle : Quand l'amour ne suffit pas. (Patrick Lagacé, La Presse +, Édition du 3 mars 2014, section ACTUALITÉS, écran 4)

Je me pose souvent cette question.

Fiston Tupperware a 8 ans. Il crie plus fort que les enfants de son âge, il frappe plus fort que les enfants de son âge et (surtout) il n'apprend pas de ses erreurs comme les enfants de son âge. Pour le moment, il est incapable d'autocritique, se sent constamment ostracisé par ses pairs, ses enseignants et par nous. Devant une situation anxiogène, il est capable des pires scénarios catastrophiques dans sa tête. Quand il a peur ou se sent menacé, il crie et frappe avant d'être frappé.

Un jour, Fiston sera grand. Qu'arrivera-t-il à ce moment-là? Qu'arrivera-t-il quand il aura une tête de plus que moi et que je ne ferai plus le poids? Qu'arrivera-t-il quand il sera « théoriquement » capable se gérer seul et que les services spécialisés ne nous seront plus accessibles au quotidien? Qu'arrivera-t-il si un jour ses comportements deviennent incontrôlables et qu'il devient une menace pour nos autres enfants, pour nous... ou pour lui-même?

Est-ce que l'amour suffira? Sinon... qu'arrive-t-il quand l'amour ne suffit pas?

Qu'arrivera-t-il si Fiston Tupperware continue de s'enliser dans ses troubles, dans sa colère, dans ses impulsions? Qu'arrivera-t-il si ses frères et sœurs n'en peuvent plus de ce frère qui monopolise toute notre énergie, toute notre attention? Qu'arrivera-t-il quand nous n'aurons plus de ressource, que notre famille ne saura plus comment nous aider? Qu'arrivera-t-il si Papa Tupperware et moi devenons fatigué... épuisé, ou pire encore malade et incapable de nous en occuper?

Si tel est le cas, il est clair que l'amour ne suffira pas.

Viendra un moment où, si le pire survient, nous devrons nous asseoir, et discuter. Nous devrons prendre des décisions déchirantes et espérer que cela ne plongera pas notre couple et notre famille dans ce désespoir qui vient après la disparition de l'espoir.

Fiston Tupperware a 8 ans. Il crie. Il frappe. Il s'oppose. Mais il ne fait pas que ça. Il chante, il danse et il rit. Il aime les voitures de course, les jeux vidéos les Légo. Il aime aller manger au resto, aller glisser l'hiver et faire du vélo l'été. Plus tard, il rêve d'inventer une voiture de luxe qui portera ses initiales comme nom. Plus tard, il aimerait avoir des enfants et venir nous voir le dimanche pour prendre un café.

Je ne sais pas ce qui arrive quand l'amour ne suffit plus, mais je sais une chose : j'espère ne jamais devoir parler de mon fils au passé alors qu'il n'est pas mort. J'espère ne jamais m'asseoir dans un café pour raconter le deuil d'un enfant vivant qui nous a glissé entre les doigts malgré tous nos efforts et tout notre amour.

À ce papa qui a ouvert son cœur à Patrick Lagacé : je vous sers dans mes bras et vous remercie d'avoir partagé votre histoire. Seul un homme de cœur pouvait en faire autant.

10 commentaires:

  1. Chère Maman Tupperware,
    Malheureusement, je ne peux rien pour vous sinon vous donnez, virtuellement, tout l'amour et la tendresse que je ressens pour vous. Je vous fais un gros calin, aussi fort et aussi long que vous en aurez besoin. Très sincèrement. xx

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  2. Je suis grand-maman d'un enfant TED qui a 8 ans lui aussi, il est difficile à comprendre parfois il ne parle pas, mais tellement attachant on l'aime. Je partage vos inquiétudes et vous envoi beaucoup de lumière et d'amour. xx

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  3. Oh wow mon amie... et voilà que je pleure comme une madeleine....

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  4. Quel beau texte. Beau et triste mais aussi porteur d'espoir, car on ne sait jamais... ça peut aussi bien se passer. Je vous le souhaite et en attendant, je vous envoie des ondes positives, pour ce que ça vaut...

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  5. Quel beau texte rempli à la fois d'amour et d'incertitude.... Je me pose aussi souvent cette question même si pour l'instant mes enfants ne nous donnent pas de signe qu'ils vont se diriger dans cette direction. Pour travailler auprès d'adolescents, je sais que tout peut changer d'ici l'âge adulte et que nous ne sommes pas à l'abris de cette situation. Je ne crois pas que l'amour suffise mais qu'avec les parents que vous êtes, il a y de l'espoir que votre garçon devienne un homme équilibré et sain. Je nous souhaite des adultes en pleine santé xxx

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  6. J'ai une fille qui souffre de maladie mentale. Je comprends très bien le témoignage de ce père. Moi aussi, j'ai en partie lâché prise à un moment donné. Je me suis fait aider par une excellente psychologue et je ne ressens pas de culpabilité. J'ai fait ce que je pensais le mieux pour elle et le mieux pour moi et notre famille. Évidemment, elle n'est pas abandonnée mais elle ne reviendra jamais chez moi et c'est énoncé très clairement à tous les intervenants. Quand elle est en psychose, je la conduis à l'hôpital et m'en occupe de mon mieux. Je témoigne également en cour pour que l'hôpital la garde le plus longtemps possible. Elle a un chum heureusement et n'est donc pas à la rue. Tout ceci est difficile, mais il faut penser à soi d'abord. C'est une question de survie. On ne peut aider personne si on coule soi-même. Et il est tout à exact qu'il faille penser également à la fratrie. Allons-nous gâcher l'enfance de tous? Il arrive que placer l'enfant soit la meilleure solution et ça ne veut pas dire l'abandonner, pas du tout. Parfois, toute la dynamique change et les visites deviennent agréables pour tout le monde. Ce n'est pas un échec et c'est à envisager.

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