jeudi 19 janvier 2012

Le parent collaborant

**AVERTISSEMENT**

Si vous êtes un enseignant ou si vous œuvrez dans le milieu scolaire, que vous êtes passionné par votre travail, créatif et faites parfois fi du cadre lorsque vous croisez sur votre route un enfant à défi : ce texte ne s'adresse pas à vous.

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Le parent collaborant est un con.

Parfois seul, parfois en couple, le parent collaborant est celui qui réalise que son enfant est différent, que son cheminement scolaire semble poser problème et qui intervient rapidement. C'est le sans dessein qui appelle à l'école le matin pour obtenir de l'information sans laquelle il ne peut intervenir et qui continue à appeler quand on ne lui donne pas de réponses satisfaisantes ou qu'on ne le rappelle simplement pas. C'est le sans-génie qui donne son nom comme bénévole en début d'année afin de donner un coup de main lors d'activités spéciales ou pour dépanner à la bibliothèque afin que les enfants puissent bénéficier du service. C'est le gros tata qui essaie par tous les moyens de discuter avec les intervenants qui côtoient son enfant afin de valider la concordance de ses propres observations avec celles du milieu. C'est le zouave qui laisse des notes dans le cahier de communication afin d'offrir régulièrement ses disponibilités à l'enseignant ou à la direction advenant une problématique ou une situation qui demande un suivi à la maison. C'est le sans cœur qui prend le temps de rédiger des remerciements à l'enseignant, aux éducatrices du service de garde à la TES et à la direction pour les efforts déployés afin d'offrir du support à son enfant. C'est le pas fiable qui vient chercher son enfant dès qu'on le lui demande, qui accepte de trouver un plan B afin que son enfant ne fréquente plus le service de garde et qui est à l'heure à chaque rencontre pour l'élaboration du plan d'intervention. C'est le zouf qui est authentique et n'hésite pas à dire que c'est parfois difficile à la maison et qu'il a dû avoir recours à des ressources externes visant à mettre un filet de sécurité autour de sa famille. C'est l'analphabète qui sait que le participe passé conjugué avec avoir s’accorde avec le complément d’objet direct si ce complément se trouve placé avant le participe passé, mais qui n'a pas lu en entier la loi sur l'éducation scolaire au Québec, faute de temps.

Le parent collaborant, c'est celui que les instances scolaires disent chercher lorsqu'ils reprochent à la majorité des parents d'élèves de confier l'éducation de leurs enfants au corps professoral. Mais c'est aussi celui qui, une fois identifié, dérange et emmerde tout le monde dans l'école parce qu'il pose des questions et s'informe sur les procédures et les interventions mises en places.

C'est le parent tellement dépourvu de capacité parentale qu'il va jusqu'à suivre des formations afin d'avoir en main le plus d'outils possibles pour bien intervenir avec l'enfant qu'il a aimé avant même de lui avoir vu le bout du nez.

C'est l'épais qui se met en colère quand on lui demande de laisser faire l'école, de faire confiance aux intervenants et de comprendre que, malheureusement, il n'a pas droit de regard sur les enveloppes budgétaires et la finalité de toutes les interventions tentées par tous les plus diplômés que lui en la matière.

C'est le moumoune qui pleure le soir parce qu'on n'accorde aucune valeur à ce qu'il sait de son enfant et à son désir de participer au cheminement scolaire en fournissant les informations qu'il a en sa possession et qui pourrait faciliter les choses.

Un parent collaborant, c'est une conne/sans dessein/sans-génie/grosse tarte/zouave/sans cœur/pas fiable/zouf/analphabète/incompétente parentale/moumoune comme moi qui commence à en avoir VRAIMENT assez de se faire prendre pour ce qu'elle n'est pas!

7 commentaires:

  1. Je suis prof, je suis maman. Je te comprends trop. Tu fais bien de mettre les pieds là où ton enfant passe le 3/4 de ses journées. De mettre ton grain de sel, de poser des questions, de donner du temps, de proposer, d'agir.

    Ça peut déranger peut-être. Mais ça dérangera ceux qui ont quelque chose à se reprocher.

    Je comprends ta souffrance, tes frustrations. C'est véridique et triste.

    Peu importe comment tu te sens là-dedans, je te dis de ne pas lâcher. Car un parent qui s'implique et qui voit à "ses affaires", c'est ce qu'il y a de mieux, pour ton enfant, et pour ceux qui veulent le bien-être de ce denier.

    Bonne chance, j'espère que tu rencontres aussi de bonnes personnes collaborantes!

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    1. Tu sais, j'ai surtout le sentiment que tout est joué d'avance. Que mon fils passe par un processus qui vise à faire comprendre aux parents qu ele régulier n'est pas adapté pour lui. Jamais je n'aurais imaginé devoir faire ce genre de choix pour mon enfant. Je ne m'oppose pas à un cheminement particulier, je m'oppose au fait que tente de nous faire croire que notre collaboration est précieuse mais qu'on ne tiendra jamais compte de ce que l'on a à dire...
      Ça fait un an que nous sommes pris dans un tourbillon infernal.
      Nous croisons des gens collaborants, des gens à qui nous avons fait confiance et qui nous ont déçu.
      À tête reposé, je conviens que ce texte est intense, mais pour le moment il demeure mon expression la plus claire de ce que je ressens.
      Ton commentaire m'a néanmoins fait du bien. L'empathie fait toujours du bien! :-)

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  2. C'est vraiment dommage que ça se passe comme ça.

    Je n'ai aucun enfant à l'école et je ne suis pas prof alors je ne peux pas comprendre pourquoi un parent collaborant peut être considéré si... dérangeant comme tu l'écris.

    Pourtant, je croyais que plus tu t'impliquais lorsque tes enfants avaient besoin d'aide, mieux c'était?!

    Je souhaite que tout se place et que comme Michèle l'écrit si bien, que tu trouves des personnes qui collaboreront avec toi sans "chialer"... :-)

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    1. Je suis habituellement confiante... mais pas hier! :-)
      Un jour à la fois parraît-il! :-)

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  3. J'ai l'impression de bien comprendre ce que tu ressens. C'est ce sentiment de devoir constamment se battre contre des moulins à vents et la frustration de se faire parler par le personnel de l'école (dans mon cas, les profs ne sont pas problèmatiques, plus la direction) comme si on était des imbéciles de première classe qui ne comprenaient vraiment, mais vraiment rien à rien.
    Ça ne devrait pas être si compliqué!!

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    1. En effet...ça devrait être plus simple. Je souhaites que nos enfants ne paient pas le prix de tant de "complications"...

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  4. Je vais être très honnête et sincère ici : je travaille dans un milieu ou les parents ne sont pas nécessairement présents. J'ai des parents en majorité hyper collaborants et la plupart me laissent pas mal faire ce que j'ai à faire, viennent aux rencontres, me posent des questions et sont contents de me laisser aller, car eux, ce qu'ils gèrent à la maison est assez lourd. C'est un peu réciproque. Si parfois je désespère devant certains parents peu ou pas engagés, j'ai un peu la terreur du parent trop présent. Car je manque de temps en classe, avec les élèves, alors le parent qui me prend beaucoup de temps peut m'agacer. J'ai déjà eu affaire à une mère qui m,appelait très souvent. Elle posait plein de questions. Je la rappelais sur le champ et lui fournissais mes réponses et la référais parfois à la direction, parfois excédée (faut dire qu'elle était vraiment chialeuse!!), mais lorsqu'elle me disait : «je sais que je suis agaçante» je lui répondais : «C'est correct, vous faites votre job de parent. »

    Et c'est vrai. C'est correct. Si j'étais parent d'un élève en difficulté, je ferais de même. Mes collègues profs qui ont un enfant particulier sont présentes dans la scolarité de leur enfant. Essaient de ne pas juger l'autre prof, posent des questions, s'impliquent et... se sentent parfois fatigantes.


    Quant à prendre le temps d'écrire des mots de remerciements, il faut continuer. Ce sont les plus beaux cadeaux.

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