En
me levant dimanche matin, un seul constat possible : la maison
était un vrai foutoir! Dans le salon, des jouets recouvraient plus
de 50 % de ma superbe marqueterie. Dans l'entrée, bottes,
chaussures, pantoufles et mitaines traînaient à la
va-comme-je-te-pousse sur le tapis humide. Sur l'îlot de la cuisine,
paperasses et morceaux de Playmobil se partageaient la surface de
travail. Sur les comptoirs de cuisine, il y avait à peine l'espace
suffisant pour arriver à beurrer une tranche de pain grillé sans se
ramasser avec un coude dans l'huile d'olive ou une main dans le
grille-pain. Sous la table de la cuisine... Je ne vous parlerai pas
du dessous de table de cuisine... c'était trop horrible!
En
résumé, la maison était en bordel et Caporal Maman venait
officiellement de prendre du service. En moins de 10 minutes, j'ai
dressé une liste de tâches ménagères à faire et je les ai
répartis équitablement entre mes 3 descendants. Bien sûr, Bébé
Tupperware hériterait des choses plus simples tandis que Princesse
et Fiston découvriraient (enfin!) les joies des corvées
NON-rémunérées!
Et
bien croyez le ou non, moins de 20 minutes après avoir commencé à
ramasser la salle de jeux, Fiston Tupperware est monté à la cuisine
avec une de ses affirmations coup-de-poing : « Veux-tu
bien me dire pourquoi vous nous traité en esclaves? C'est pas à moi
à faire toutes ces tâches-là! En plus... tu paies même pas! »
C'est
à ce moment que deux petits fils de cuivre cérébraux se sont
touchés dans mon cerveau. Irritée par les propos de mon fils, j'ai
oublié de mettre mon filtre de Maman et j'y suis allée d'une de ses
tirades dont je suis la seule à connaître le secret. Ça allait
comme suit :
« Pardon?
Te traiter en esclave? Mais de QUOI tu parles???? Qui est l'esclave
ici selon toi? Celui à qui je demande d'avoir l'obligeance de mettre
ses bobettes sales dans le panier à linge SALES, ou celle qui lave
toutes lesdites bobettes qui se trouvent dans ledit panier?
C'est celui à qui je demande de vider sa boîte à lunch à son
arrivée de l'école ou celle qui rince les plats visqueux qui ont
traîné plus de 3 jours dans ton casier parce que vendredi tu as
laissé ton sac à l'école? C'est celui qui doit transporter son
propre sac à dos et sa propre salopette ou celle qui transporte le
bébé de 2ans, le sac à couche, le sac de patin ET le café Tim
qu'elle rapporte pour Papa Tupperware (des fois là! Pas tout le
temps quand même!)? C'est celui qui doit sortir le recyclage une
fois par jour en fin d'après-midi ou celle qui, en finissant de
travailler, doit te conduire à tes 2 rendez-vous thérapeutiques de
la semaine alors qu'elle aurait des montagnes de TES bobettes propres
à plier??? Allez! Dis le moi qui est l'esclave de la maison??? C'est
toi? Vraiment? Bien tu sauras mon petit garçon qu'ici,
l'esclave, c'est loin d'être toi! Ici, l'esclave, c'est moi! C'est
moi qui organise ma vie en fonction de toi. C'est moi qui ne peux pas avoir
un horaire de travail normal parce que tu n'as pas accès au service
de garde! C'est moi qui, plutôt que de revenir tranquillement à la
maison en finissant de travailler, me dépêche pour que tu puisses
aller en psychothérapie, en ergothérapie ou en pédopsychiatrie.
C'est moi qui organise l'horaire de tout le monde en fonction de tes
difficultés. Alors, le coup de l'esclave, tu ne me le fais plus
c'est clair????? »
Silence
Radio. Fin de transmission. Fin de la discussion.
Semblerait
qu'après mon discours coloré, Fiston ait trouvé ses corvées
plutôt simples parce que tout était propre avant l'heure du dîner!
À croire que parfois, il faut laisser tomber le filtre pour que la
matière puisse rentrée!
Peut-être
me trouvez-vous injuste de lui avoir remis en pleine gueule toutes
les adaptations mises en places pour lui venir en aide.
Malheureusement pour vous, ici, je ne censure pas ce que je vis au
quotidien avec mon enfant à défis. Je peux par contre vous assurer
une chose : lui et moi avons fait un retour sur cette
discussion. Je ne me suis pas excusée de lui avoir dit ce que je lui
ai dit, mais je lui ai expliqué que dans la vie, il fallait parfois
savoir être reconnaissant de ce que l'on avait plutôt que méprisant
face à ce que les autres attendent de nous. Et vous savez quoi? Il a
compris. Fin de la discussion.